Les États-Unis se rapprochent d'une décision sur leurs effectifs en Irak, le président George W. Bush ayant en main les recommandations qui l'aideront à trancher en pleine campagne électorale l'une des questions au coeur de la bataille pour sa succession.

La Maison Blanche a indiqué jeudi que le commandant de la force multinationale en Irak, le général David Petraeus, avait fait parvenir à M. Bush son appréciation de la situation, donc des possibilités de continuer ou non à réduire les effectifs après le rapatriement de cinq brigades au cours des derniers mois.

«Le président est maintenant en train d'examiner ses options», a dit sa porte-parole, Dana Perino. Ni Mme Perino ni un porte-parole du Pentagone n'ont rien dit sur la teneur des recommandations du général Petraeus ou du secrétaire à la Défense Robert Gates, ni sur le temps que prendrait M. Bush.

Cependant, Mme Perino a souligné que M. Gates ainsi que le chef d'état-major interarmées, l'amiral Michael Mullen, étaient censés témoigner devant le Congrès la semaine prochaine. Elle a dit s'attendre à ce qu'ils parlent des effectifs même si, a-t-elle prévenu, ce n'est pas forcément à cette occasion qu'une décision sera annoncée.

Il paraît peu probable que M. Bush traîne. Avant l'élection qui lui désignera un successeur le 4 novembre, sa décision risque de braquer à nouveau les projecteurs de la campagne sur l'une des questions qui divisent le plus profondément le républicain John McCain et le démocrate Barack Obama.

M. McCain a farouchement défendu la guerre à laquelle M. Obama se vante d'avoir été l'un des rares à s'opposer dès le début.

Deux Américains sur trois sont aujourd'hui défavorables à la guerre, selon les sondages. A peu près autant sont favorables à un calendrier de retrait, contre lequel MM. Bush et McCain se sont longtemps élevés.

La question est de savoir dans quelle mesure la décision que prendra M. Bush servira ou desservira M. McCain, que les démocrates cherchent à peindre en imitateur des politiques impopulaires du président sortant.

M. Bush a assuré à plusieurs reprises qu'il prendrait ses décisions pour l'Irak sans se soucier de calculs électoraux.

Il est confronté aux revendications de souveraineté des dirigeants irakiens et aux appels à libérer des soldats pour le front afghan.

Récemment, il a signifié assez clairement que la diminution de la violence en Irak pourrait lui permettre de faire rentrer davantage de soldats.

On ignore comment sa décision s'inscrira dans un accord que les gouvernements américain et irakien négocient pour réglementer la présence américaine à partir de janvier 2009.

Même si la Maison Blanche a assuré que les tractations n'étaient pas achevées, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a affirmé qu'un accord avait été conclu selon lequel il n'y aurait plus aucun soldat étranger en Irak après 2011.

Les démocrates auraient beau jeu de retourner contre M. McCain l'acceptation par M. Bush d'une échéance à laquelle les deux hommes résistaient.

Dans le Financial Times de jeudi, le général Petraeus, sans se prononcer sur les détails de l'accord, évoque la possibilité que les troupes de combat américaines aient quitté Bagdad d'ici à l'été 2009.

M. Bush présente les retours de soldats comme la preuve de la réussite de sa politique irakienne. S'adressant à la convention du Parti républicain qui allait investir M. McCain comme son candidat à la présidence, M. Bush a loué mardi la force de caractère de celui-ci lorsqu'il avait pris en 2007 le risque politique de soutenir la décision très contestée d'envoyer cinq brigades supplémentaires en Irak, alors menacé de sombrer dans le chaos.

À ceux qui le mettaient en garde, M. McCain a dit qu'il «préférait perdre une élection plutôt que de voir son pays perdre la guerre», a dit M. Bush.

Il y a actuellement environ 145 000 soldats américains en Irak.