La Corée du Nord a commencé à remettre en état son principal complexe nucléaire de Yongbyon, mettant à exécution une menace lancée après le refus américain de retirer le pays de sa liste des États terroristes, selon des informations de presse parues mercredi.

Le régime communiste avait commencé à démanteler en novembre 2007 le réacteur et les autres équipements nucléaires de ce vaste complexe situé à 90 kilomètres au nord de Pyongyang, selon les termes d'un accord international prévoyant la dénucléarisation du pays contre une aide énergétique.

Mais la Corée du Nord a commencé à remettre ces équipements en état de fonctionnement, ont rapporté l'agence de presse japonaise Kyodo et la chaîne de télévision américaine Fox News.

Kyodo a affirmé que la Corée du Nord avait commencé ce travail mardi, en citant des sources diplomatiques non identifiées à Pékin.

Interrogé par la presse, le porte-parole du gouvernement japonais a assuré ne pas être au courant et n'a pas fait de commentaire.

Des informations similaires ont été diffusées à Séoul par l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. Selon l'agence, citant une source au ministère sud-coréen des Affaires étrangères, les travaux de remise en état du complexe de Yongbyon ont commencé mercredi en début de journée.

La source citée par Yonhap a indiqué que son information provenait des États-Unis et que ceux-ci avaient eux-mêmes été avertis par un rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Il n'a pas été possible d'obtenir une réaction au ministère sud-coréen des Affaires étrangères.

La Corée du Nord a annoncé le 26 août qu'elle cessait de démanteler ses installations nucléaires et qu'elle pourrait réactiver son complexe de Yongbyon. Elle reproche aux États-Unis de ne pas l'avoir retirée de sa liste des États soutenant le terrorisme, ce qui l'empêche de bénéficier d'aides américaines et bloque les prêts d'organisations internationales.

Le président George W. Bush avait notifié fin juin au Congrès des États-Unis son intention de retirer la Corée du Nord de cette liste d'ici 45 jours. Mais Washington a indiqué le 11 août que ce retrait n'interviendrait que lorsque Pyongyang accepterait un mécanisme complet de vérification de son programme nucléaire.

La Corée du Nord a procédé à un test d'une bombe atomique en 2006.

Un accord à six pays (États-Unis, Corée du Nord, Corée du Sud, Japon, Chine, Russie) sur la dénucléarisation de Pyongyang a été conclu l'année suivante, mais le processus connaît des hauts et des bas depuis plusieurs mois.

Des responsables américains cités mercredi par Fox News ont minimisé l'importance des informations sur la remise en état du complexe de Yongbyon. Selon eux, cette mesure de Pyongyang semble être «un geste symbolique» car les travaux de démantèlement étaient déjà très avancés.

Daniel Pinkston, un analyste de l'International Crisis Group (ICG), centre de réflexion proche des milieux atlantistes, a déclaré à l'AFP qu'il faudrait au moins deux ans aux Nord-Coréens pour remettre Yongbyon en état de marche.