Sarah Palin, candidate républicaine à la vice-présidence, pense que les États-Unis ne doivent pas s'incliner devant les dictateurs et veut renforcer les liens avec le Canada, mais les experts n'en savent guère plus sur ses positions en politique étrangère.

Depuis l'annonce vendredi du choix de Mme Palin, 44 ans, comme colistière de John McCain, plusieurs groupes de réflexion ont passé au crible ses déclarations pour tenter d'en savoir plus.

Mme Palin, qui gouverne l'Alaska, est perçue comme une novice en matière de politique étrangère, en particulier lorsqu'on la compare au candidat démocrate à la vice-présidence, Joe Biden, qui dispose de 36 ans d'expérience à la Commission des affaires étrangères du Sénat.

Sarah Palin est une femme directe qui a voyagé à l'étranger et a reçu des délégations étrangères sur ses terres du grand nord, selon un bref curriculum vitae de cette mère de cinq enfants réalisé par le Center for US Global Engagement.

«Ne me dites pas qu'il faut se mettre à genoux devant n'importe quel dictateur à cause de notre besoin désespéré d'énergie, pas quand nous disposons de ressources chez nous», a-t-elle déclaré, citée par le centre de réflexion indépendant.

Mme Palin est une fervente partisante de l'ouverture de nouvelles zones pour l'exploitation pétrolière, y compris dans l'Arctique.

À propos de l'Irak, l'un des sujets-clé de la campagne présidentielle, elle a mis au défi les représentants politiques d'envoyer comme elle leurs fils faire la guerre dans ce pays.

«Ce gamin fait tout ce qu'il peut avec les moyens qu'il a pour aider à protéger et défendre les États-Unis», a-t-elle dit au sujet de son fils de 18 ans, qui doit partir pour l'Irak ce mois-ci.

«Chaque élu devrait s'interroger: +Est-ce que j'en fais autant ? Est-ce que je fais tout ce que je peux ?+», a-t-elle poursuivi.

Comme gage de son expérience en politique étrangère et pour parer aux critiques, les conservateurs du parti républicain mettent en avant la proximité de l'Alaska avec l'allié stratégique canadien et une Russie résurgente.

«Souvenez-vous, l'Alaska est la partie de notre continent la plus proche de la Russie. Donc ce n'est pas comme si elle ne comprenait pas ce qui est en jeu ici», a ainsi affirmé dimanche Cindy McCain, l'épouse du sénateur de l'Arizona.

Autre élément porté à son crédit en politique étrangère, Mme Palin s'est rendue à l'étranger, notamment au Koweït pour rendre visite aux gardes nationaux de son État, ou en Allemagne au chevet de soldats blessés. Elle est aussi favorable à une «forte relation de coopération avec le Canada».

«Parce que son État est frontalier de deux pays (Canada et Russie), elle a une vision différente» de celle des autres États américains, assure John Bolton, ancien ambassadeur aux Nations unies et ex-faucon de l'administration Bush.

Il dit avoir été «impressionné» par Mme Palin, première femme candidate à la vice-présidence du côté républicain.

Mais pour l'Institute for Policy Studies, le choix de Mme Palin - «pour une position à un battement de coeur de la présidence»- par un McCain vieillissant (72 ans), est la parfaite expression d'une stratégie anti-politique étrangère.

«Tandis que Barack Obama s'efforçait désespérément de consolider sa position en plaçant sur son «ticket» un spécialiste de politique étrangère, McCain a fait exactement l'inverse», estime l'institut.

«Sarah Palin est un message codé de politique étrangère. En lieu et place d'une politique pour l'Irak, elle a un fils qui va y être envoyé, ce qui est censé clore la conversation plutôt que l'ouvrir», indique le centre de réflexion.

«Elle ne croit pas que le réchauffement climatique a été créé par l'homme, un autre moyen de clore toute conversation», poursuit l'institut.