Le candidat républicain à la Maison-Blanche, John McCain, a toujours voté en tant que sénateur de l'Arizona contre tous les programmes de prévention de grossesse adolescente. Il s'est également prononcé en faveur de mesures obligeant les mères mineures à poursuivre leurs études, faute de quoi elles perdraient leurs avantages sociaux. Et la question de l'avortement le perturbe.

Ce passé d'intransigeance resurgit alors que sa colistière, Sarah Palin, a annoncé que sa fille Bristol, âgée de 17 ans et célibataire, était enceinte de cinq mois.

Un communiqué rendu public par l'équipe de campagne du ticket républicain pour la présidentielle précise que la jeune fille va garder le bébé et épouser le père, un «jeune homme» dont l'identité complète et l'âge n'ont pas été révélés. Le communiqué identifie simplement le père sous le prénom de Levi.

L'équipe de campagne du candidat républicain souligne que la révélation de la grossesse de Bristol, trois jours après l'annonce du choix de Sarah Palin comme colistière, est aussi destinée à faire taire les rumeurs sur Internet, selon lesquelles le cinquième enfant de Sarah Palin, un garçon né en avril, serait en fait celui de sa fille.

Bristol, dont le bébé est attendu pour la fin décembre, est donc enceinte depuis la fin mars. Le dernier enfant de Sarah Palin, Trig, âgé de moins de cinq mois, est atteint de trisomie 21.

Selon son entourage, John McCain avait été informé de cette grossesse avant de proposer à la gouverneure de l'Alaska de devenir sa colistière.

Un examen des positions adoptées par McCain au cours de sa longue carrière de sénateur sur toutes les questions tournant autour de la contraception et des mères mineures fait du reste apparaître une certaine proximité avec les vues de Sarah Palin.

Mme Palin elle-même a déclaré publiquement qu'elle s'opposait au financement des programmes d'éducation sexuelle en Alaska. De surcroît, elle cautionne pleinement les programmes d'abstinence dans les écoles.

Cela étant, et jusqu'à cette annonce en forme de coup de tonnerre, ni la contraception ni les grossesses adolescentes n'ont été au coeur de la campagne de McCain dont l'embarras est visible dès qu'il s'agit d'aborder ces questions.

Interrogé en novembre 2007 pour savoir s'il soutenait la politique de promotion de l'abstinence prônée par George W. Bush, celui qui n'était encore que candidat à l'investiture républicaine avait sobrement répondu: «Euh! je crois que je soutiens la politique du président». À nouveau pressé par les journalistes qui lui demandaient s'il était favorable à ce que l'administration américaine fournisse des contraceptifs ou en conseille l'utilisation, McCain avait alors rétorqué: «vous me posez une vraie colle».

Toutefois, un peu plus tard, le sénateur a affirmé être hostile au financement public de la contraception. Tout comme il est strictement opposé à l'avortement, y compris thérapeutique.

En 1993, dans un discours prononcé au Sénat pour s'opposer à la nomination par Bill Clinton à la direction générale de la santé de Joycelyn Elders, une farouche partisane de l'avortement, McCain avait alors déclaré: «en tant que père d'un grand nombre de jeunes enfants dont une fille adoptive née avec une malformation, je suis très profondément perturbé par ces opinions».