Une crise politique se profile au Paraguay, où le président Fernando Lugo, investi il y a seulement quinze jours, vient de dénoncer un complot pour le renverser, sur fond de paralysie parlementaire.

M. Lugo, un dirigeant de gauche qui a mis fin au règne des conservateurs dans ce pays pauvre d'Amérique du sud, accuse le chef de l'opposition Lino Oviedo d'ourdir un coup d'État avec la complicité d'une frange de l'armée.

Le président paraguayen reproche à M. Oviedo d'avoir organisé une réunion avec un général de l'armée, en charge de la sécurité au parlement, dont l'activité est bloquée depuis plusieurs jours en raison des désaccords entre la majorité et l'opposition.

«Nous serons en alerte devant l'attitude putschiste des secteurs rétrogrades», a lancé M. Lugo, au cours d'une allocution télévisée solennelle lundi.

«Nous ne permettrons pas que l'on porte atteinte à la liberté de notre peuple. En tant que président, je veux souligner la gravité institutionnelle des faits», a-t-il poursuivi.

De son côté, M. Oviedo a accusé publiquement dans La Presse le président d'avoir lancé un «coup d'État au parlement», en menaçant de dissoudre l'assemblée.

Les gouvernements de gauche du Chili et d'Argentine ont réagi mardi en apportant leur soutien à M. Lugo, un allié du président vénézuélien Hugo Chavez, tout en appelant au respect des institutions au Paraguay.

Le ministère argentin des Affaires étrangères a réaffirmé son «plus ferme soutien à l'institutionnalité démocratique du Paraguay», tandis que celui du Chili s'est inquiété de la «situation dénoncée» par M. Lugo.