Les Européens vont renforcer leurs relations avec la Géorgie, en soutenant politiquement et économiquement la reconstruction du pays après la guerre avec la Russie, mais Tbilissi est malgré tout très loin de se voir promettre une adhésion, même lointaine, à l'Union européenne.

Les 27 réunis lundi à Bruxelles pour un sommet extraordinaire ont décidé de «renforcer» leur relation avec cette république du Caucase.

D'abord à court terme en organisant une conférence des donateurs pour la reconstruction du pays, auquel l'UE a déjà octroyé 15 millions d'euros d'aide d'urgence.

Puis à plus long terme par la négociation d'un accord de facilitation des visas de courte durée dans l'UE et par «la mise en place éventuelle d'une zone de libre-échange».

Mais, comme l'a laissé entendre le premier ministre géorgien Lado Gourguénidzé, ce pays encore fragile, concentré sur son entrée promise dans l'OTAN, doit avant tout «consolider» sa situation avant de penser à son avenir européen.

«La Géorgie est un très vieux pays mais une jeune démocratie libérale, il est donc crucial qu'elle consolide ses progrès», a-t-il indiqué mardi à Bruxelles, interrogé sur la perspective d'une adhésion de son pays à l'UE.

«Il est clair qu'étant donné les circonstances, nous ferons cela plus facilement avec le soutien de nos amis et alliés, et à travers une intégration plus étroite avec l'UE. Les modalités de cette intégration plus étroite seront un sujet de discussion dans l'UE» et ces discussions «prendront du temps», a-t-il ajouté, sans jamais prononcer le mot «adhésion» à l'UE.

La «demande (des Géorgiens) n'est pas d'adhérer de façon précipitée à l'UE», avait commenté de son côté lundi le président français Nicolas Sarkozy, qui préside l'Union.

Lors de leur sommet, aucun des 27 pays membres n'a d'ailleurs plaidé pour une telle adhésion, selon un diplomate européen.

La Pologne, grand soutien de Tbilissi contre Moscou, a certes préconisé de négocier un «accord d'association» avec la Géorgie, mais un tel accord n'est pas nécessairement une porte ouverte sur l'UE.

«La Géorgie n'est pas prête, notamment en termes économiques et commerciaux» à rejoindre le bloc européen, a noté le diplomate européen, doutant même de la possibilité en l'état de parvenir à un accord de libre-échange.

«L'argument général dans l'UE est d'attendre que la situation se consolide», a-t-il ajouté, soulignant la différence majeure en la matière avec l'Ukraine, qui pourrait recevoir lors d'un sommet le 9 septembre un «signal très fort» de l'UE sur sa perspective européenne.

Mais la Géorgie ne sera malgré tout pas oubliée par les Européens, qui outre leur aide financière, doivent l'intégrer dans le nouveau «partenariat oriental» imaginé par les Polonais et les Suédois pour rapprocher l'UE de ses voisins de l'Est (Ukraine, Moldavie, Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie, Bélarus s'il se démocratise).

Vu au départ comme une réplique au projet d'Union pour la Méditerranée de Nicolas Sarkozy, «aujourd'hui, tout le monde semble le voir comme une priorité majeure», a estimé le diplomate européen.

«Ce que nous allons certainement faire, c'est faire avancer le partenariat oriental», a ainsi assuré mardi la commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner, évoquant un calendrier accéléré.

Alors que les 27 avaient demandé en juin à Bruxelles de faire des propositions pour le printemps 2009, la Commission pourrait présenter le projet «peut-être à la fin de l'automne, pour une décision au sommet européen de décembre», a-t-elle ainsi précisé.

«Et bien sûr, nous devrons étudier à ce moment là jusqu'où nous pouvons aller», a ajouté la commissaire.