L'ouragan Gustav, rétrogradé en catégorie 1 sur une échelle qui en compte 5, est passé sur La Nouvelle-Orléans lundi soir et ne devrait pas provoquer d'inondations majeures, a déclaré le commandant et porte-parole du Génie de l'armée américaine, Tim Kurgan.

Les autorités ont signalé sept décès: des voitures surprises dans la tempête. Les digues, elles, souvent encore en cours de reconstruction depuis Katrina en 2005, ont tenu. «Il n'y aura apparemment aucun problème, mais nous continuons de surveiller cette tempête», a déclaré Tim Kurgan.

Lundi, des inondations mineures -jusqu'aux chevilles, voire aux genoux- étaient signalées dans quelques rues du neuvième quartier, selon Tim Kurgan. En cause, le canal industriel, qui est le tendon d'Achille du dispositif, mais qui ne sera achevé qu'en 2011.

Néanmoins, certains risques demeuraient. Dans la partie sud de la Louisiane, une digue menaçait de s'effondrer et les fonctionnaires s'activaient à la fortifier.

Des toits d'habitations ont été arrachés, des arbres renversés et des routes inondées. Un ferry a coulé. Plus d'1 million de foyers étaient privés d'électricité. Et l'étendue des dommages causés à l'industrie pétrolière et gazière n'était pas claire.

Le maire de la Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, a laissé entendre que la ville pourrait être rouverte dès mardi, une décision très attendue par les personnes évacuées.

La police n'a procédé qu'à une seule arrestation, une personne suspectée de pillage, alors qu'un couvre-feu avait été décrété.

Gustav se déplaçait rapidement vers l'intérieur des terres, réduisant d'autant le risque de fortes pluies dans le sud de la Louisiane. «De ce que j'ai vu, La Nouvelle-Orléans devrait être de retour dans le monde des affaires mardi», a déclaré Bill Read, le directeur du le Centre national des ouragans (NHC) à Miami.

Dans les jours précédant la tempête, près de 2 millions de personnes ont fui les zones côtières de la Louisiane, suite à un ordre d'évacuation obligatoire -ce qui n'avait pas été le cas avec Katrina. Parmi les évacués, des dizaines de milliers de pauvres, des personnes âgées et des malades, emmenés en autobus ou dans des trains. Tous les abris et les chambres d'hôtel des Etats voisins ont été pris d'assaut.

L'agence de gestion des secours (FEMA) se tient prête à distribuer assez de nourriture, d'eau, de couvertures et autres fournitures à 1 million de personnes pendant trois jours -contrairement à Katrina, où des milliers de personnes avaient longtemps attendu les secours dans l'étouffant Superdôme.

L'ouragan Gustav a commencé à frapper les côtes de Louisiane lundi, avec des vents de près de 180 km/h et des pluies torrentielles. Le cyclone a toutefois été rétrogradé en catégorie 1, après avoir perdu de la puissance. Il a été moins redoutable que Katrina, qui avait ravagé La Nouvelle-Orléans en 2005.

Gustav a touché terre dans la matinée (dans l'après-midi en France) à 110 kilomètres au sud-ouest de La Nouvelle-Orléans, dont la majorité des habitants avaient fui en prévision de son arrivée. Selon le Centre national des ouragans (NHC) à Miami, le cyclone a touché terre vers 10h locales, près de la localité de Cocodrie, coeur de l'industrie piscicole et pétrolière de la Louisiane. Il se dirigeait vers le nord-ouest à près de 26 km/h.

Alors que Gustav a touché le sol américain en catégorie 2, il a perdu de sa puissance en progressant dans les terres et a été rétrogradé quelques heures plus tard en catégorie 1, avec des vents soufflant désormais à 145km/h (contre 180km/h précédemment), selon le NHC de Miami.

De fortes rafales soufflaient toutefois sur La Nouvelle-Orléans, faisant tomber des branches d'arbre et certaines vagues passaient par dessus les digues, partiellement reconstruites après le passage de Katrina. «Nous sommes prudemment optimistes et confiants dans le fait qu'il n'y aura pas de rupture catastrophique» des digues, comme il y a trois ans, avait déclaré le colonel Jeff Bedey, responsable du bureau de protection contre l'ouragan du génie militaire.

Selon les autorités locales, des générateurs ont pris le relais des coupures d'électricité. Le président George W. Bush, dont l'administration avait été critiquée pour sa gestion de la catastrophe provoquée par Katrina, a assuré que la coordination des autorités est cette fois «bien meilleure».

«Nous ne nous attendons pas aux pertes en vies humaines de Katrina», qui avait fait 1 600 morts il y a trois ans, a précisé le directeur adjoint de l'Agence fédérale chargée de la gestion des situations d'urgence (FEMA) Harvey Johnson. Mais de nombreuses habitations et infrastructures devraient être endommagées, a-t-il ajouté.

Près de deux millions de personnes, soit environ 90% de la population de la région, ont évacué depuis le début du week-end le sud de la Louisiane. Plusieurs dizaines de milliers d'habitants des régions côtières du Mississippi, de l'Alabama et du sud-est du Texas ont également fui vers le nord. Selon la FEMA, il ne restait plus que 10 000 personnes à La Nouvelle-Orléans et environ 100 000 sur les côtes de Louisiane.

Les réserves de vivres, glace pour la conservation des aliments et produits de première nécessité sont suffisantes pour venir en aide aux sinistrés au cours des trois prochains jours, a précisé Harvey Johnson.

Pour le moment, on ne signalait pas d'appels de détresse ni de pillages, a déclaré le chef de la police, Warren Riley. Un couvre-feu a été décrété du crépuscule à l'aube et le maire de La Nouvelle-Orléans Ray Nagin a averti que les pillards seraient directement incarcérés.

Gustav, avant d'atteindre les côtes américaines, a fait 94 morts selon un dernier bilan en République dominicaine, à Haïti et en Jamaïque, et des dégâts considérables à Cuba, où il n'a cependant pas fait de victimes. L'Union européenne a débloqué une aide de deux millions d'euros (2,9 millions de dollars) pour les victimes du passage de l'ouragan dans les Caraïbes.