Le redoutable ouragan Gustav a frappé à la mi-journée les côtes de la Louisiane, où plus de deux millions de personnes avaient été préalablement évacuées, trois ans presque jour pour jour après le passage dévastateur de l'ouragan Katrina.

L'évacuation, décrite par les médias comme la plus vaste de l'histoire américaine, a transformé en ville fantôme La Nouvelle-Orléans, battue lundi par des vents violents et des pluies diluviennes, qui faisaient déjà déborder deux digues dans la banlieue de la ville.

À consulter

>>> L'ouragan en photos

>>> Notre sélection de sites Internet

Bill Nungesser, dirigeant la paroisse Plaquemines, au sud-est de La Nouvelle-Orléans, a exhorté les habitants à évacuer immédiatement la zone. «Nous avons une digue qui déborde, a-t-il dit sur une radio locale. Partez, et partez tout de suite».

Aucune brèche n'a toutefois été constatée au niveau des digues, selon la mairie de La Nouvelle-Orléans, qui a assuré qu'elles étaient en «bon état».

C'est la rupture de digues, plusieurs heures après le passage de Katrina, qui avait provoqué l'inondation à 80% de la ville.

Le centre de l'ouragan a touché les côtes de Louisiane lundi vers 11h00, près de Cocodrie, a annoncé le centre national des ouragans (NHC), basé à Miami.

L'oeil de l'ouragan, rétrogradé lundi en catégorie 1 sur une échelle qui en compte 5, se déplaçait à la vitesse de 26 km/h avec des vents soufflant à 130 km/h, selon le NHC qui a averti que Gustav était susceptible d'entraîner une montée des eaux «extrêmement dangereuse», entre trois et quatre mètres au-dessus du niveau normal.

Gustav devrait faiblir dans les prochaines 48 heures et pourrait être rétrogradé au rang de tempête tropicale dès la fin de la journée lundi, selon les prévisions du NHC.

«L'ouragan s'affaiblit mais il ralentit et ça c'est une mauvaise nouvelle», a indiqué à l'AFP Jody James, météorologue des services de la météorologie nationale (National Weather Service, NWS).

Selon cet expert, «il est trop tôt pour dire» si les conséquences de Gustav seront aussi catastrophiques que celles de Katrina qui avait fait quelque 1 800 morts en Louisiane et dans les Etats voisins après son passage le 29 août 2005.

«Nous sommes loin d'être sortis du danger», a également prévenu le maire de la ville, Ray Nagin, qui a décrété un couvre-feu et averti les pillards qu'ils iraient «directement» en prison. Des patrouilles de police ont été déployées à ces fins dans la ville lundi après-midi.

Les autorités municipales ont indiqué que quelques vagues passaient par-dessus les digues de l'Industrial canal dans le Ninth Ward, un des quartiers les plus dévastés par Katrina, où trois bateaux qui avaient rompu leurs amarres risquant d'endomager les parois du canal, ont pu être récupérés par les gardes-côtes.

David Paulison, directeur de l'Agence fédérale de gestion des situations d'urgences (Fema) a assuré que pour le Génie «les digues sont beaucoup plus solides (...) et bien plus hautes que durant Katrina.»

«Néanmoins, il reste des points faibles dans le système de digues. Ce n'est pas aussi bien que cela devrait l'être», a-t-il concédé.

Un total de 750 gardes nationaux étaient mobilisés à La Nouvelle-Orléans en prévision d'éventuelles opérations de sauvetage.

Selon le gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal, Gustav qui a fait plus de 80 morts dans les Caraïbes, pourrait avoir fait ses premières victimes dimanche: trois patients dans un état critique décédés pendant leur évacuation de l'hôpital.

Les installations pétrolières du golfe du Mexique, qui concentre un quart de la production de brut des Etats-Unis, ont été presque totalement fermées. La production de pétrole était arrêtée lundi à 100%, celle de gaz naturel à 95,4%, selon l'agence fédérale Minerals Management Service.

Par ailleurs, Gustav a bouleversé le programme de la convention républicaine qui s'est ouverte lundi à St Paul (Minnesota, nord) pour introniser John McCain comme candidat à la Maison Blanche. Ce dernier a préparé des colis dans l'Ohio (nord) pour de possibles victimes de l'ouragan.

Le président George W. Bush a décidé de se rendre au Texas pour superviser la coordination des opérations de secours. «La coordination pour cette tempête est bien meilleure que pendant Katrina», a-t-il indiqué lundi.

Son rival démocrate Barack Obama a remplacé lundi un discours prévu à Detroit (Michigan) par un appel à l'unité des Américains pour aider les victimes potentielles de Gustav.

Les Etats-Unis pourraient faire face à un deuxième ouragan cette semaine, Hanna, mais qui doit atterrir, vendredi, cette fois sur la côte est (Caroline du sud et Georgie), selon le NHC.