Un tribunal norvégien a accepté lundi de juger pour «crimes de guerre» un homme d'origine bosniaque soupçonné de tortures et de viol de civils serbes pendant la guerre de Bosnie, donnant ainsi le coup d'envoi à un procès historique dans le pays scandinave.

Il s'agira du premier jugement de ce type en Norvège depuis les procès visant les personnes suspectées de collaboration avec l'occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ancien membre de la milice croate HOS, Mirsad Repak, 42 ans, doit répondre d'accusations de tortures ainsi que d'un cas de viol à l'encontre de 18 civils serbes, hommes et femmes, le plus souvent lors de leur détention dans le camp de Dretelj (sud de la Bosnie), connu pour la brutalité de ses gardiens.

Etabli en Norvège avec sa famille, Mirsad Repak a été naturalisé norvégien en 2001.

L'accusé, qui reconnaît seulement avoir procédé à des arrestations, a plaidé non coupable mercredi lors de la première audience.

En retenant le chef d'accusation de «crimes de guerre», le tribunal d'Oslo a rejeté la demande de l'avocate de la défense qui réclamait un non-lieu, estimant qu'il était «inconstitutionnel» de juger son client en utilisant de manière rétroactive de nouvelles dispositions législatives.

La loi norvégienne sur «les génocides, crimes de guerre et crimes contre l'Humanité» est en effet entrée en vigueur en mars cette année alors que les faits reprochés à Mirsad Repak remontent à 1992.

Dans son argumentaire, le tribunal d'Oslo a souligné que seule la qualification des crimes avait changé. Le caractère criminel des faits jugés et la durée de la peine encourue sont pour leur part inchangés par rapport à 1992.

«Il n'est donc pas injuste de recourir aux nouvelles dispositions législatives et ce n'est pas non plus une violation du paragraphe 97 de la Constitution» qui interdit la rétroactivité des lois, ont indiqué les juges.

Ces derniers ont en outre estimé que les faits n'étaient pas couverts par la prescription de 15 ans, la mise en accusation remontant à mai 2007, et que la Constitution leur permettait aussi de juger des étrangers pour des crimes perpétrés à l'étranger.

Mirsad Repak encourt jusqu'à 20 ans de prison, selon les services du procureur.

Le procès devrait durer huit semaines. Le verdict est attendu en novembre.