L'ex-otage franco-colombienne Ingrid Betancourt a affirmé avoir «réalisé un rêve» lundi en étant reçue par le pape Benoît XVI en audience privée, qu'elle a qualifiée d'«expérience extraordinaire», lors d'une conférence de presse à Rome.

«Cela a été une expérience extraordinaire. En le rencontrant, j'ai réalisé un rêve, il a écouté le récit de ma captivité», a déclaré Ingrid Betancourt, vêtue de noir et beige, peu après avoir été reçue par le souverain pontife dans sa résidence d'été de Castel Gandolfo près de Rome.

«Je lui ai dit que quand j'étais dans la forêt, après une journée où nous avions fait une marche très difficile, alors que j'étais angoissée et désespérée, j'ai allumé la radio et j'ai entendu sa voix, qui prononçait mon nom», a raconté l'ex-otage.

«Il est difficile de mesurer l'impact psychologique que peut avoir sur un prisonnier le fait de penser que le monde de l'a pas oublié. La voix du pape a été une lueur. Depuis ma libération, je voulais le voir et l'embrasser», a poursuivi Mme Betancourt, qui a dû s'interrompre plusieurs fois sous le coup de l'émotion.

«Le pape porte en lui la douleur de ceux qui souffrent dans leur âme, celle de mes compagnons prisonniers en Colombie et je sais qu'il prie pour eux et pour la paix dans le pays», a-t-elle affirmé.

Avant de rencontrer Benoît XVI, «j'étais préoccupée par le protocole mais j'étais tellement émue que dès que je suis entrée je n'ai pas pu m'empêcher de l'embrasser», a-t-elle ajouté.

Puis, s'adressant aux chefs de la guérilla colombienne, elle a lancé: «il faut mettre fin à ce cercle vicieux de haine et de vengeance».

«Je reconnais que des choses doivent être changées en Colombie, mais il faut le faire par des voies démocratiques dans le respect des droits de ceux qui pensent comme vous et aussi de ceux qui ne pensent pas comme vous», a-t-elle ajouté.

Arrivée dimanche soir à Rome pour une visite de quatre jours, Mme Betancourt a été reçue par le pape à midi (10H00 GMT) accompagnée de sa mère Yolanda Pulecio et de sa soeur Astrid.

Aucun journaliste n'a été accepté à l'intérieur du palais apostolique, seuls quelques photographes et cameramen ayant été autorisés à faire des reprises.

Mardi, Ingrid Betancourt rencontrera le chef de l'État Giorgio Napolitano, le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini et le président de la Chambre des députés Gianfranco Fini.

Mme Betancourt se rendra également à Florence (centre), municipalité de gauche, pour être faite citoyenne d'honneur de la ville.

Ingrid Betancourt a été libérée le 2 juillet après plus de 6 ans aux mains de la guérilla des Farc. Fervente catholique, ses premières paroles, chapelet autour du poignet, avaient été des prières de remerciement à Dieu et à la Vierge de Guadalupe.

Le soir-même de la libération d'Ingrid Betancourt, le Vatican s'était félicité de la libération de l'otage, évoquant une «bonne nouvelle» et «un signe positif pour la liberté de tous les otages».