Les musulmans débutent le mois de jeûne et de fête du ramadan sur une note d'optimisme grâce à un répit des violences en certains points chauds du monde islamique, mais aussi d'inquiétude devant la flambée des prix des produits alimentaires à l'échelle mondiale.

L'Irak, où le début du ramadan était souvent associé à une flambée de violence depuis l'invasion américaine en 2003, connaît une stabilisation.

Lundi, premier jour du mois sacré chez les sunnites du pays, les forces irakiennes ont pris le contrôle de la province d'Al-Anbar, qui fut le fief de la révolte contre les forces américaines.

A Bagdad, les citoyens s'approvisionnent en famille dans les marchés et les femmes, contrairement aux dernières années, sont très présentes.

«Pendant toutes ces années, je faisais mes achats seul, mais cette fois-ci Oum m'accompagne», déclare Abou Hatam, dans le marché populaire de Chorjah, au centre de Bagdad.

En Algérie, autre point de tension du monde arabe, des mesures exceptionnelles ont été adoptées pour sécuriser Alger. Le dispositif comprend plus de 18 000 policiers, 5000 gendarmes et caméras de surveillance, selon la presse.

Le pays a connu une vague d'attentats en août, dont le plus meurtrier a fait 48 morts et des dizaines de blessés le 19 août.

Parallèlement, l'État a multiplié les assurances sur un strict contrôle des prix des produits alimentaires.

Selon la presse algérienne cependant, les prix des produits de base ont déjà grimpé. Celui de la tomate, indispensable à la préparation de la «chorba» (soupe), principal plat servi durant le ramadan, a quadruplé en deux semaines.

L'Égypte, pays le plus peuplé du monde arabe (près de 80 millions d'habitants), est frappée d'une inflation de 23% sur un an et beaucoup craignent que les aliments spécifiques au ramadan atteignent des prix inabordables dans un contexte de tensions sociales.

L'État tente de mettre «en place un plan d'urgence en coopération avec les chambres de commerce pour garantir que les prix ne vont pas augmenter», selon l'agence officielle Mena.

«Tout est devenu trop cher. J'avais l'habitude d'acheter sans compter, car le ramadan est une fête. Mais maintenant, je suis obligée de faire très attention», note Siham, une Cairote.

Pendant un mois, les musulmans doivent, du lever au coucher du soleil, s'abstenir de manger, de boire, de fumer et d'avoir des relations sexuelles. Le ramadan est aussi synonyme de célébrations où la consommation de dattes, noix, raisins secs et pâtisseries monte traditionnellement en flèche.

Au Sénégal, qui n'entre dans le mois sacré que mardi, le président Abdoulaye Wade, président en exercice de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), a souhaité que les prières permettent «d'éloigner la faim et la souffrance des fidèles».

En Indonésie, le plus grand pays musulman du monde par sa population, les prix des oeufs, de la viande et de l'huile de cuisine ont flambé de 25% en une semaine.

En France, où vit une des principales communautés musulmanes d'Europe, le coût de la vie est aussi au centre des préoccupations. Dans ce pays, 80% des cinq millions de musulmans assurent célébrer le ramadan, qui a débuté lundi.

Le Liban, qui a connu des attentats meurtriers, a retrouvé une certaine stabilité à la faveur d'un accord en mai entre factions. Les touristes sont revenus mais le pays connaît également une flambée des prix.

A Gaza, les Palestiniens vont pour la seconde année d'affilée passer le ramadan dans un territoire sous contrôle du Hamas et soumis au blocus.

Israël maintient un strict bouclage de ce territoire pauvre où vivent 1,5 million de personnes depuis que les islamistes en ont pris le contrôle mi-2007.

En Arabie saoudite, berceau de l'islam, et dans la majorité des pays du Golfe, les horaires de travail ont été réaménagés.

Des opérations caritatives sont prévues pour les plus démunis avec notamment la distribution de plats consommés lors de la rupture du jeûne (iftar).

Ces opérations sont considérées par les gouvernements du Golfe, qui ont engrangé des bénéfices records avec la hausse du pétrole, comme une occasion de montrer qu'elles partagent leurs richesses.

En Iran chiite, ou encore au Pakistan voisin, le ramadan commence mardi.