Le Conseil de sécurité était divisé jeudi entre deux projets de résolution rivaux visant à faire avaliser par l'ONU un règlement du conflit en Géorgie sur la base de l'accord de paix négocié par la France entre Moscou et Tbilissi, ont indiqué les diplomates.

L'ambassadeur de Russie Vitaly Tchourkine a déclaré à la presse, à l'issue d'une réunion du Conseil à huis clos, qu'il «espérait le soutien des Etats membres» au projet qu'il avait fait circuler la veille.

Ce texte exprime le soutien du Conseil au plan en six points approuvé à Moscou le 12 août, par les présidents russe Dmitri Medvedev et français Nicolas Sarkozy, et rappelle succinctement ces six points.

Mais il ne comporte aucune mention explicite du respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie, contrairement à la volonté des Occidentaux.

M. Tchourkine avait mis le texte russe en circulation mercredi, 24 heures après s'être opposé à un autre projet de résolution, proposé par la France, lui reprochant de ne contenir que deux des six points de l'accord de paix, concernant le repli des forces russes et géorgiennes sur leurs positions respectives d'avant le déclenchement du conflit, le 7 août.

La Russie avait également reproché au texte français d'appeler au retrait «immédiat» des troupes russes de Géorgie, affirmant que faire de ce retrait une priorité n'était pas conforme à la lettre de l'accord de paix.

Jeudi, l'ambassadeur américain adjoint, Alejandro Wolff, a réitéré que le projet russe était inacceptable pour les Etats-Unis. «Nous espérons que ce texte ne sera pas mis au vote (...) nous ne pouvons pas l'approuver», a-t-il dit.

Il a souligné l'importance que Washington et ses alliés accordent à la réaffirmation sans ambiguïté dans le texte du respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie.

Il s'agit d'un des principaux points de division, la Russie souhaitant au contraire qu'on «gère la réalité sur le terrain». Les territoires séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie ont demandé officiellement jeudi à la Russie de reconnaître leur indépendance.

M. Wolff a affirmé que si les six points du plan négocié par le président français Nicolas Sarkozy étaient importants, une lettre d'éclairage envoyée samedi par ce dernier à son homologue géorgien Mikheïl Saakachvili, précisant les modalités de déploiement de forces russes dans la zone de conflit après leur retrait de l'essentiel du territoire géorgien était également importante.

Selon le diplomate américain, la présence continue de forces russes au coeur du territoire de la Géorgie, loin des enclaves disputées d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie, «soulève des questions», notamment de savoir si elle vise «à étrangler» l'Etat géorgien.

Évoquant la présence de troupes russes dans le port géorgien de Poti et dans des «points névralgiques» à travers le pays, M. Wolff a affirmé: «Nous ne pouvons pas nous permettre d'ambiguïtés» sur la nécessité que les troupes russes se replient sur les positions qu'elles occupaient avant le conflit.

Selon plusieurs diplomates, la majorité des Etats membres du Conseil n'a pas soutenu le texte russe et a souhaité qu'on recherche une solution de consensus pour mettre durablement un terme au conflit géorgien.

L'un d'eux, parlant sous couvert de l'anonymat, a confié à l'AFP que le texte russe n'aurait sans doute pas les voix nécessaires (neuf sur quinze) pour être adopté. Mais il n'a pas caché que la recherche d'un consensus serait difficile et sans doute longue.

«Nous allons devoir travailler très dur pour parvenir à une unanimité», a déclaré pour sa part l'ambassadeur de France adjoint, Jean-Pierre Lacroix.