Les Tibétains présenteront lors de leur prochaine rencontre en octobre avec les autorités chinoises un plan détaillé sur l'autonomie du Tibet, a indiqué dans un entretien à un média allemand l'émissaire spécial du dalaï lama pour ces négociations, Kelsang Gyaltsen.

«Lors de cette huitième réunion (de négociations depuis 2002), on jouera pratiquement le tout pour le tout. Nous allons présenter un plan détaillé, décrivant la manière dont nous nous représentons l'autonomie au Tibet», a-t-il déclaré dans l'hebdomadaire Der Spiegel paru lundi.

«Au cas où la partie chinoise réagirait positivement, nous pourrions proposer de premières mesures concrètes, par exemple un pèlerinage du dalaï lama en Chine. Un tel développement peut conduire à une rencontre entre Sa Sainteté et le président chinois et donner l'impulsion décisive», a-t-il estimé.

«Nous avons eu vent que des dirigeants militaires chinois plaidaient pour une détente dans la question tibétaine (...) et, au sein du bureau politique, les «réformateurs» auraient apparemment une courte majorité de cinq contre quatre», a-t-il relevé.

Le négociateur tibétain a souligné que la dernière rencontre début juillet «n'avait pas apporté de succès tangibles». «Les représentants du parti communiste voulaient seulement évoquer des questions personnelles touchant le dalaï lama, et nous au contraire, faisions valoir qu'il s'agissait de 6 millions de Tibétains, de leur bien-être, de leurs droits fondamentaux et de leur avenir».

Le délégation de Pékin voulait aussi que le dalaï lama rompe ouvertement avec le congrès des jeunes Tibétains qu'elle traitait d'«organisation terroriste». Cette organisation refuse globalement la violence, «même si, à la différence du dalaï lama, elle lutte pour l'indépendance du Tibet», a remarqué l'émissaire tibétain.

Il a confirmé que, début juillet, sa délégation avait failli arrêter le dialogue sino-tibétain, la partie adverse se refusant à une déclaration commune obligeant les parties à la poursuite du dialogue. Finalement, elle a accepté de le continuer à la demande de Pékin.

Alors que l'attention est concentrée sur les Jeux olympiques, M. Gyaltsen a dénoncé «la campagne «patriotique» de rééducation en cours» au Tibet, par laquelle «les gens sont contraints d'adjurer leur allégeance» à leur chef spirituel. «Nous savons que beaucoup de moines le refusent», «ils sont arrêtés et maltraités», a-t-il affirmé.

«Nous avons aussi appris que pendant les compétitions olympiques, des étudiants tibétains doivent être éloignés de Pékin», a-t-il dit.