L'Union africaine (UA) et des capitales occidentales ont condamné mercredi le coup d'Etat perpétré par des militaires en Mauritanie, appelant à éviter une effusion de sang à Nouakchott et à rétablir la «légalité» constitutionnelle.

A Addis Abeba, l'UA, qui affiche sa volonté de résoudre cette crise par le dialogue, a condamné le putsch et «exigé le rétablissement de la légalité constitutionnelle» dans ce pays, dans un communiqué reçu par l'AFP.

Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, «a décidé de dépêcher immédiatement à Nouakchott le Commissaire à la paix et à la sécurité (CPS), l'Ambassadeur Ramtane Lamamra, pour s'enquérir de l'évolution de la situation et aider à promouvoir un règlement pacifique de la crise», a précisé l'UA.

Le président mauritanien Sidi Ould Cheikh Abdallahi - premier président démocratiquement élu du pays - a été arrêté mercredi à Nouakchott lors d'un coup d'Etat mené par le chef de la garde présidentielle qu'il venait de limoger.

Ce coup de force des militaires intervient moins d'un an et demi après l'élection présidentielle de début 2007, saluée comme un «modèle démocratique» pour l'Afrique et le monde arabe, et trois ans après un coup d'état militaire, en août 2005 qui avait renversé le président Maaouiya Ould Taya.

Depuis Tripoli, le dirigeant Mouammar Kadhafi a annoncé avoir dépêché le secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA) en Mauritanie pour «suivre l'évolution de la situation» dans ce pays suite au coup d'Etat, selon l'agence officielle libyenne Jana.

Le colonel Kadhafi, dont le pays assure la présidence tournante de l'UMA, a chargé Habib Ben Yahia de se rendre «immédiatement» en Mauritanie pour «suivre et superviser les développements de la situation (...) et contacter les différentes parties», a rapporté l'agence. Outre la Libye et la Mauritanie, l'UMA regroupe l'Algérie, le Maroc et la Tunisie.

La France a également souligné son attachement à la «stabilité» de la Mauritanie.

«Vous savez combien nous sommes attachés à la stabilité de la Mauritanie», a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal, en indiquant que Paris suit «la situation avec la plus grande attention en liaison avec l'ensemble de nos partenaires».

A Bruxelles, le commissaire européen au Développement Louis Michel a déclaré que la Commission européenne condamne le putsch en Mauritanie et pourrait suspendre son aide financière à ce pays. «Cette situation risque de remettre en question notre politique de coopération avec la Mauritanie», a prévenu M. Michel.

Le Haut Représentant de l'Union européenne pour la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC), Javier Solana a également appelé dans un communiqué au rétablissement intégral de la légalité institutionnelle, conformément à l'acte constitutif de l'UA, lequel rejette toute tentative de prise de pouvoir par la force.

A Madrid, le gouvernement, qui a ajouté sa voix aux condamnations du coup d'Etat, a appelé à la libération du président et Premier ministre mauritanien et au «rétablissement de la normalité démocratique».

A Washington, un porte-parole du département d'Etat, Gonzalo Gallegos a affirmé: «c'était un régime constitutionnel élu démocratiquement et nous condamnons cet acte», a-t-il ajouté.

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) de son côté appelé «au maintien de l'ordre constitutionnel, à la libération immédiate des personnalités politiques et à la protection de la population civile».

La FIDH demande à «l'UA, l'UE, l'Organisation internationale de la Francophonie» et à «l'ONU (...) de prendre toute sanction appropriée en cas de rupture de la démocratie, notamment la suspension de la Mauritanie de leurs instances respectives».