Le favori à la présidence sud-africaine en 2009, Jacob Zuma, a de nouveau clamé son innocence mardi après la suspension de son procès pour corruption, ajourné au 12 septembre, sous les vivats de milliers de partisans.

«Je suis accusé dans un dossier qui m'est étranger» a assuré le président du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) à l'issue de deux jours d'audience devant le tribunal de Pietermaritzburg (sud-est).

«On dit dans les médias que je retarde la justice. Je n'ai jamais retardé la justice», a-t-il lancé en zoulou devant une foule enthousiaste venue de tout le pays pour le soutenir.

Dès l'ouverture du procès lundi, ses avocats avaient pourtant déposé un énième recours en annulation. «Mes avocats plaident que la procédure n'a pas été respectée quand on m'a inculpé, les accusations devraient donc être abandonnés», a-t-il expliqué sous les applaudissements.

Après avoir écouté les arguments de la défense et de l'accusation, le juge Chris Nicholson a mis sa décision «en délibéré au 12 septembre». La procédure sur le fond est «ajournée à la date provisoire du 8 décembre», a-t-il ajouté.

Inculpé pour corruption, fraude, racket et blanchiment d'argent, Jacob Zuma est soupçonné d'avoir accepté, alors qu'il était vice-président du pays (1999-2005), des pots-de-vin d'une filiale du groupe français Thales.

Il aurait demandé de 500 000 rands (68 000 euros, 43 500 dollars) par an pour empêcher qu'elle soit inquiétée dans le cadre d'une enquête sur un contrat d'armement. Son conseiller financier a été condamné à quinze ans de prison dans ce cadre.

Le charismatique leader joue dans cette affaire son avenir politique: une condamnation avant les élections générales prévues au second trimestre de 2009 ruinerait ses ambitions présidentielles.

Apparemment détendu et déterminé, il s'est exclamé sur un ton combatif: «Pourquoi est-ce que les gens sont tellement pressés de me voir en prison ?». Et d'ajouter: «Personne ne peut m'intimider!».

Brandissant des pancartes «Abandonnez toutes les poursuites contre Zuma», hommes, femmes et enfants ont chanté et dansé en l'honneur de leur héros «JZ», tout comme les hauts responsables du tout puissant ANC regroupés sous une tente près du tribunal.

Tasses, portes-clefs, affiches ou encore t-shirts à l'effigie de Jacob Zuma étaient en vente dans une ambiance festive et militante, certains se disant «prêts à tuer» pour leur leader.

«Personne ne va arrêter Zuma tant que nous serons en vie ou alors il faudra d'abord tuer la jeunesse de ce pays. Nous sommes prêts à mourir pour Zuma», a une nouvelle fois déclaré à la foule le président de la Ligue de la Jeunesse de l'ANC (ANCYL), Julius Malema.

«Notre président est la cible d'une conspiration politique et nous sommes convaincu qu'elle est menée par le chef de l'Etat» Thabo Mbeki, a-t-il poursuivi, répétant une thèse largement développée par les pro-Zuma.

Figure aussi populaire que controversée, Jacob Zuma a ravi la présidence de l'ANC à Thabo Mbeki en décembre 2007 à l'issue d'un congrès houleux, quelques jours avant d'être inculpé.

La thèse du complot avait déjà été évoquée dans une autre affaire judiciaire lorsque Jacob Zuma avait été accusé d'avoir violé une jeune femme. Il avait été acquitté en 2006, faute de preuves.

Aujourd'hui, le chef de l'ANC multiplie les recours pour cette enquête de corruption qui dure depuis près de dix ans. Le quotidien sud-africain The Star a comptabilisé en tout plus de 30 jugements de procédure dans cette bataille judiciaire.