La Russie va chercher mercredi le soutien de la Chine dans sa confrontation avec l'Occident, la plus grave depuis la chute de l'URSS, après sa décision de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud.

Le président russe Dmitri Medvedev doit s'entretenir mercredi à 12H00 GMT avec son homologue chinois Hu Jintao à Douchanbé, capitale de l'ex-république soviétique du Tadjikistan, à la veille d'un sommet des pays de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS).

Nul doute que la reconnaissance mardi par Moscou de l'indépendance des républiques séparatistes de Géorgie sera à l'ordre du jour de leur entretien, même si Pékin s'est gardé jusqu'ici de tout commentaire public.

M. Medvedev, qui avait réservé sa première grande visite officielle à la Chine après son investiture en mai, est soucieux tout comme son prédécesseur Vladimir Poutine de ménager un axe Moscou-Pékin alors que ses relations avec les Occidentaux sont des plus tendues.

Augmentant la pression, la France, présidente en exercice de l'Union européenne, a accusé mercredi la Russie de s'être placée «hors la loi internationale» en Géorgie et d'avoir «d'autres objectifs», après l'Ossétie du sud et l'Abkhazie, dont «la Crimée, l'Ukraine, la Moldavie».

L'UE devrait clairement soutenir une adhésion de l'Ukraine pour éviter que ce pays ne devienne, après la Géorgie, «la prochaine cible des pressions politiques» de la Russie, a renchéri le commissaire européen à l'Elargissement, le Finlandais Olli Rehn.

L'Otan a appelé la Russie à «revenir sur sa décision» de reconnaître l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud, qui «viole de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU» sur «l'intégrité territoriale de la Géorgie».

Les Occidentaux dénoncent la reconnaissance des deux républiques tout comme le maintien en Géorgie de positions avancées des forces russes, notamment près du port de Poti, sur la mer Noire, en violation selon eux du plan de paix signé le 12 août.

En vertu de ce plan, l'Allemagne a décidé d'envoyer en Géorgie jusqu'à 15 observateurs militaires sous l'égide de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

«Notre devoir est de tenter maintenant d'apaiser la situation, pour que l'escalade récente ne conduise pas à de nouvelles violences», a estimé le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier.

Dans la région, la confrontation entre Russes et Occidentaux a pris un tour concret en mer Noire, où Moscou accuse l'Otan de concentrer des forces navales, sous couvert d'exercices et d'aide humanitaire à la Géorgie.

La flotte russe a reçu l'ordre de surveiller les mouvements des navires des pays l'Otan en mer Noire, a annoncé le chef d'état-major adjoint des Forces armées russe, Anatoli Nogovitsyne.

La Russie n'a toutefois «pas l'intention d'augmenter sa propre présence» militaire dans cette région, a-t-il ajouté. «La Russie est aujourd'hui différente. Et nous avons des nerfs solides», a-t-il lancé.

Au même moment, un bateau des garde-côtes américains, le Dallas, chargé de matériel humanitaire, arrivait à Batoumi, dans le sud-ouest de la Géorgie. Il devait repartir dans la journée, une fois sa cargaison déchargée.

Le croiseur «Moskva», vaisseau amiral de la flotte russe de la mer Noire, ainsi que d'autres vaisseaux militaires russes ont accosté de leur côté en rade de Soukhoumi, capitale de l'Abkhazie.

Ils «remplissent des missions de contrôle des eaux territoriales afin d'empêcher le trafic d'armes» ainsi qu'une «mission humanitaire», a assuré sans plus de précisions la marine russe.

Près de la frontière avec l'Ossétie du Sud, le bourg géorgien d'Akhalgori, où les troupes russes prépareraient un «nettoyage» ethnique selon Paris, était calme mercredi matin, a constaté un journaliste de l'AFP.

Dans la nuit de mardi à mercredi, les miliciens sud-ossètes ont bu et tiré en l'air pour célébrer leur reconnaissance par Moscou mais aucune violence ou acte de pillage n'ont été rapportés par les rares habitants rencontrés.