Le responsable indépendantiste basque Arnaldo Otegi, libéré de prison samedi, a aussitôt appelé à une reprise du «dialogue» et de «la négociation» pour résoudre le «problème» basque.

«Malheureusement, il y a un problème politique de fond non résolu» au Pays Basque, a-t-il déclaré devant la maison d'arrêt de Martutene, dans la banlieue de Saint-Sébastien au Pays Basque (nord), après y avoir purgé une peine de 15 mois de prison.

«Je considère personnellement que ce problème se résoudra seulement à travers le dialogue et la négociation», a expliqué celui qui était, jusqu'à son incarcération, le principal «porte-parole» de Batasuna, bras politique interdit de l'ETA.

L'air heureux et détendu, Otegi, 50 ans, a passé de longues minutes à embrasser sa famille, ses amis et des figures de la mouvance indépendantiste radicale dont Jone Goirizelaia, ex-députée régionale et avocate de Batasuna et l'influent leader syndical Rafa Diez.

Otegi a répondu en français «on verra» aux questions de journalistes sur ce qu'il comptait faire, avant de s'engoufrer dans une voiture. Selon le journal El Mundo, il a demandé l'autorisation à la justice espagnole d'aller passer une semaine de vacances en Italie.

Le numéro deux du parti socialiste espagnol José Blanco, a écarté samedi toute possibilité de reprise de négociations interrompues depuis une tentative manquée de dialogue entre le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero et l'ETA en 2006.

«Il n'y a aucune possibilité de reprendre le dialogue, toutes les portes se sont fermées et l'unique possibilité pour la gauche indépendantiste (Batasuna, ndlr) est de convaincre l'ETA d'abandonner les armes» a martelé M. Blanco.

Arnaldo Otegi avait été incarcéré le 8 juin 2007, après confirmation par le Tribunal suprême espagnol d'une condamnation à 15 mois de prison pour «apologie du terrorisme», quelques heures après la fin officielle d'une trêve de l'ETA.

L'ETA avait mis un terme le 6 juin 2007 à son «cessez-le-feu permanent» initié en mars 2006, rejetant l'échec de la tentative de résolution du «conflit basque» sur le pouvoir socialiste espagnol.

Durant sa détention, Otegi a été un prisonnier discret, s'appliquant à apprendre l'anglais, recevant de rares visites politiques et ne prenant la parole qu'une fois, en juillet 2007, dans le quotidien indépendantiste Gara, pour appeler à une reprise du «processus de paix».

Selon la presse espagnole, il est douteux qu'Otegi reprenne un rôle politique de premier plan. Mais une source à Batasuna a «démenti» ce type d'information qui «n'a pu être vérifiée» auprès de l'intéressé.

Un spécialiste de l'ETA et de Batasuna, Florencio Dominguez, a estimé qu'Otegi n'était pas «au mieux en terme de poids politique» après l'échec du processus de paix qu'il avait soutenu et la reprise de la violence par l'ETA, tenue pour responsable de 823 morts en 40 ans d'attentats.

Otegi est considéré comme l'un des principaux artisans de la tentative de dialogue entre l'ETA et le pouvoir socialiste espagnol en 2006. Le groupe armé avait finalement décidé de torpiller ce processus, jugeant insuffisant les avancées, en commettant un attentat meurtrier à l'aéroport de Madrid en décembre 2006.

La capacité d'Otegi à reprendre ou non un rôle politique dépendra grandement de son avenir judiciaire, compte tenu des trois procédures en cours à son encontre au tribunal antiterroriste espagnol.

En particulier, Otegi risque jusqu'à 14 ans de prison lors d'un prochain procès (dont la date reste à fixer) concernant les liens entre Batasuna et l'ETA.