Jadis réservé aux rois et aux dignitaires étrangers de passage, le siège du gouvernement thaïlandais occupé par des manifestants avait des allures de dépotoir, vendredi, au quatrième jour d'un singulier bras de fer politique.

Pris d'assaut mardi par une foule en colère qui exige la démission du premier ministre Samak Sundaravej, le complexe a perdu toute superbe.

Le charme vénitien du bâtiment principal - le Thai Khufa - édifié en 1908 par des architectes italiens a disparu derrière un monceau d'ordures.

Et les milliers de militants de «l'Alliance du peuple pour la démocratie» (PAD) ont jusqu'ici souverainement ignoré l'injonction à quitter les lieux, ragaillardis par la décision policière de ne pas recourir à la force.

M. Samak, 73 ans, qui n'est pas sur place, a encore réaffirmé vendredi qu'il n'avait aucunement l'intention d'envoyer la troupe.

«Moi, ça ne me pose aucun problème de rester là. Il y a plein de nourriture et d'eau», témoigne Kriangsak Srikaew un vendeur de poisson de 35 ans.

«Pour les toilettes, c'est pas bien commode, mais, sinon, c'est très bien car je suis venu en y mettant tout mon coeur», ajoute-t-il.

Seulement dix toilettes mobiles ont été acheminées jeudi pour ces convives inopinés.

Le colonel de la police, Noraboon Nanna, a déclaré vendredi qu'environ 13.000 manifestants se trouvaient toujours à l'intérieur du complexe et que 8.000 policiers étaient positionnés à l'extérieur.

Et les occupants semblent avoir pris leurs quartiers: savon, shampoing et dentifrice sont en vente aux abords du «Government House» alors que les files d'attente s'allongent devant des salles de bains improvisées.

«Ils souffrent de maux de tête et de fatigue», a expliqué à l'AFP un membre de l'équipe médicale selon lequel plusieurs évanouissements ont été déplorés.

Mais les organisateurs semblent être aux petits soins pour les militants qui peuvent compter sur des en-cas ou des repas plus conséquents grâce à des donations.

Et ils ne semblent pas disposés à lever le camp: «J'avais quitté les lieux ce matin, mais quand j'ai entendu que la police avait pénétré dans l'enceinte du bâtiment, je suis revenu», raconte Kriangsak Srikaew.