L'enlèvement et l'assassinat du petit Fernando Marti, 14 ans, suivis de l'arrestation de policiers suspectés de ce crime, ont déclenché un tollé contre les autorités mexicaines qui se renvoient la balle entre le président conservateur Felipe Calderon et le maire de gauche de Mexico Marcelo Ebrard.

Le corps de l'adolecent de 14 ans, fils d'un des propriétaires de la plus grande chaîne de magasins de sports au Mexique, enlevé fin juin, a été retrouvé vendredi dernier dans une voiture. Son chauffeur avait été tué, et jeudi on apprenait que le garde du corps avait été porté mort pour les besoins de l'enquête, alors qu'il est en fait vivant.

Un commandant en chef de la police judiciaire de la ville de Mexico et deux policiers ont été arrêtés dans cette affaire qui a déclenche une vague d'émotion rappelant celle qui avait conduit, il y a quatre ans des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Mexico pour réclamer plus de sécurité.

Les policiers feraient partie d'une bande composée de flics véreux appelée «la flor» (la fleur). Le cas de Fernando Marti n'est pas sans rappeler le scénario du film «un homme en colère» avec l'acteur américain Denzel Washington, qui affrontait une société secrète de policiers spécialisés dans l'enlèvement d'enfants de familles riches.

Certains, comme Jose Antonio Ortega, président de Ya Basta (ça suffit), demande le retour à l'autorisation de porter une arme individuelle, et à recourir à des sociétés de sécurité privées armées.

«Une fois de plus l'implication de policiers dans les enlèvements et autres crimes atroces, une fois de plus les excuses répugnantes et les mensonges des fonctionnaires du ministère publique et des procureurs, la consternation feinte et les promesses creuses des gouvernants et des politiques», écrit-il dans un communiqué mercredi.

D'autres demandent le rétablissement de la peine de mort au Mexique. Une idée rejetée mercredi par Eduardo Medina Mora, procureur général de la République.

Le nombre d'enlèvement dénoncés au Mexique a atteint le chiffre de 438 en 2007, soit 35% de plus qu'en 2006. Depuis l'arrivée au pouvoir du président Felipe Calderon en décembre 2006, 59 cas de personnes enlevées, puis assassinées, ont été identifiées, selon Jose Antonio Ortega.

Toutefois, la majorité des enlèvements ne sont pas dénoncés à la police pour permettre des négociations discrètes et le Mexique a dépassé la Colombie dans le triste record des séquestrations.

Alors que les plus de 2.000 assassinats ou règlements de comptes liés au combat contre les cartels de la drogue depuis le début de l'année ne suscitent pas une telle émotion, la société civile a commencé à se mobiliser.

L'ancien patron de la plus grande banque du Mexique, Banamex, Alfredo Harp Hélu, lui-même séquestré pendant plus de trois mois en 1994, a fait publier mercredi des pages d'encarts dans les journaux. «Un changement est urgent. L'impuissance s'empare de la société civile. Unissons-nous pour exiger que nos autorités agissent contre la délinquance et pour la sécurité des personnes», écrit-t-il.

La presse mexicaine soulignait de son côté que la proposition de réforme du code pénal renforçant les peines de prison pour les auteurs d'enlèvements, déposée il y a six mois, n'avait toujours été étudiée par le Congrès qui a concentré ses travaux sur la réforme de la compagnie pétrolière d'État Pemex.

Jeudi, Felipe Calderon a demandé au Congrès dans un message télévisé d'examiner cette réforme qui prévoit la réclusion à perpétuité dans les cas d'enlèvement.