Un haut responsable de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) est en Iran pour discuter de la coopération sur son programme nucléaire, alors que l'Iran pourrait faire l'objet de nouvelles sanctions à cause de son refus de suspendre l'enrichissement d'uranium.

Olli Heinonen, directeur-adjoint de l'AIEA, est arrivé jeudi pour une visite de deux jours.

Une source au sein de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OEA) a indiqué à l'AFP que la partie iranienne n'entendait pas discuter à cette occasion de «prétendues études» laissant penser que l'Iran a mené un programme nucléaire à visée militaire.

Les grandes puissances ont décidé mercredi, selon les États-Unis, d'envisager de nouvelles sanctions contre l'Iran.

Les cinq membres du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) et l'Allemagne ont considéré que l'Iran n'avait pas apporté de «réponse claire» selon Washington, à leur offre de coopération en échange d'une suspension de l'enrichissement d'uranium.

Une source diplomatique proche de l'AIEA à Vienne avait indiqué mercredi que la visite de M. Heinonen ne porterait pas sur cette offre.

Le chef de l'OEA, Gholam Reza Aghazadeh, avait dit le même jour que «le voyage de M. Heinonen s'inscrit dans le cadre de la coopération entre l'Iran et l'AIEA».

M. Heinonen se rend régulièrement en Iran dans le cadre des efforts de l'agence, engagés depuis 2003, pour établir la nature du programme nucléaire iranien.

Il y avait effectué sa dernière visite fin avril pour obtenir des éclaircissements sur les «prétendues études» menées par l'Iran et qualifiées par ce dernier d'accusation «sans fondements».

Le 24 juillet à Vienne, M. Aghazadeh est allé plus loin en affirmant que «cette question ne relève pas des activités de l'AIEA».

La source de l'OEA a confirmé jeudi cette position en déclarant: «je ne pense pas qu'il y ait de discussion à ce sujet».

Les «prétendues études» laissent penser que Téhéran a travaillé entre autres sur la conception d'ogives pour tête nucléaire, la possible conversion du missile Shahab-3 en engin balistique à charge atomique ou encore des installations pour des essais nucléaires souterrains.

L'offre des six grandes puissances, présentée à Téhéran le 19 juillet, se décline en deux étapes.

Dans une première période de six semaines, un «double gel» verrait l'Iran ne pas étendre son programme d'enrichissement alors que le groupe 5+1 s'abstiendrait d'étudier de nouvelles sanctions.

La négociation sur la coopération élargie avec l'Iran suivrait ensuite, mais à condition que Téhéran suspende ses activités d'enrichissement.

La République islamique a apporté mardi une réponse à cette offre jugée «insuffisante» par Washington, Londres, Paris et Berlin.

Mais Moscou a vu dans la demande iranienne de plus grandes explications sur son contenu un motif de poursuivre le dialogue.

Selon le département d'État américain, les six «commencent à discuter des contours possibles d'une nouvelle résolution prévoyant des sanctions», même si «la porte reste ouverte» à une acceptation de leur offre par Téhéran.

En revanche, pour l'ambassadeur de la Russie à l'ONU, Vitaly Tchourkine, «il n'y a pas eu de protocole d'accord ferme ou de travail conjoint» pour l'étude de nouvelles mesures contre l'Iran.

La République islamique fait déjà l'objet de quatre résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, dont trois assorties de sanctions, exigeant la suspension de l'enrichissement d'uranium.

Les grandes puissances craignent que l'Iran puisse détourner son programme nucléaire civil à des fins militaires alors que Téhéran a démenti que telle soit son intention.