L'Afghanistan a connu dimanche une journée particulièrement sanglante, avec la mort de neuf soldats de l'Otan dans de violents combats face aux insurgés dans l'est du pays, tandis que 24 personnes, en majorité des civils, ont péri dans un attentat suicide dans le sud.

«Neuf soldats de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) ont été tués dimanche au cours de combats dans le nord-est de l'Afghanistan, près de la frontière pakistanaise. Quinze soldats de l'Isaf et quatre soldats afghans ont été blessés», a indiqué l'Isaf dans un communiqué.

Dès les premières heures de la journée , des insurgés ont lancé une attaque d'envergure contre un poste avancé de l'Isaf et de l'armée afghane, dans la province de Kunar (est), qui s'est poursuivie toute la journée.

«Les insurgés ont ouvert le feu contre l'avant-poste à l'aide d'armes légères, de mitrailleuses, de lance-roquettes et de mortiers, en se servant d'habitations, de magasins et d'une mosquée dans le village de Wanat comme couverture», a expliqué l'Isaf.

«Bien qu'aucun bilan final n'ait pu être établi, les insurgés ont probablement subi de lourdes pertes», selon la force internationale.

L'avant-poste de Wanat était occupé depuis moins de cinq jours par les forces de sécurité, basées auparavant dans un camp dans la province voisine du Nouristan. Leur déplacement avait été qualifié par l'Isaf de «repositionnement pour des raisons logistiques et opérationnelles».

L'Isaf, qui comprend des soldats de 40 nations, n'a révélé ni l'identité, ni la nationalité des victimes, elle en laisse systématiquement le soin aux autorités des pays d'origine. La plupart des soldats déployés dans la province de Kunar sont américains.

La journée de dimanche se révèle être la plus meurtrière pour les forces internationales depuis le début de l'année 2008, avec la mort de 9 soldats de l'Isaf dans cette attaque et celle d'un soldat de la coalition internationale sous commandement américain dans un attentat dans le sud du pays.

Juin s'était déjà révélé particulièrement sanglant pour les soldats étrangers en Afghanistan, qui avaient perdu 49 hommes, ce qui en avait fait le mois le plus meurtrier depuis 2001.

Quelque 133 soldats étrangers sont morts en Afghanistan depuis le début de l'année, selon un décompte de l'AFP basé sur les communiqués militaires. La plupart d'entre eux ont été victimes de bombes improvisées.

La violence a également frappé le sud du pays, bastion de l'insurrection des talibans. Au moins 24 personnes ont été tuées, dont quatre policiers, et 34 blessées, dans un attentat suicide dans la province d'Orouzgan, selon les autorités.

«L'explosion a eu lieu dans le bazar, la plupart des victimes sont des commerçants et des enfants qui vendaient des objets dans la rue. Je vois tout autour de moi des morceaux de chair, des fragments de métal et des vêtements éparpillés. Tout baigne dans le sang», a raconté Fazlullah, un commerçant témoin de l'attentat.

Il s'agit du deuxième attentat suicide meurtrier en moins d'une semaine.

Le 7 juillet, un kamikaze a fait exploser sa voiture piégée devant l'ambassade d'Inde, en plein centre de Kaboul, faisant 41 morts et plus de 150 blessés, le bilan le plus élevé dans la capitale depuis le début de l'insurrection des talibans, chassés du pouvoir fin 2001 par une coalition militaire emmenée par les Etats-Unis.

Par ailleurs, au moins 40 insurgés ont été tués en 24 heures au cours de combats avec les forces de sécurité afghanes et internationales, dans la province d'Helmand (sud), autre bastion des talibans, a annoncé dimanche la coalition sous commandement américain.

Les violences ont redoublé d'intensité depuis près de deux ans malgré la présence de 70.000 soldats de deux forces multinationales, l'une de l'Otan, l'autre sous commandement américain (Operation Enduring Freedom).