Le prétendant démocrate à la Maison Blanche Barack Obama, qui a promis pendant la campagne des primaires un retrait des troupes d'Irak, est à la recherche d'un subtil équilibre sur ce dossier et s'est fortement exposé aux critiques en semblant vouloir tempérer sa position.

Mis sous pression par les républicains qui l'accusent de vouloir abandonner la partie en Irak, alors que plus de 4000 soldats américains y ont perdu la vie et que des centaines de milliards de dollars y ont été investis, Obama a voulu contrer leurs attaques.

Jeudi, lors d'un déplacement dans le Dakota du Nord, il a déclaré à des journalistes: «Quand j'irai en Irak et que j'aurai la possibilité de parler avec des commandants sur le terrain (...) je continuerai à affiner ma politique».

Le sénateur de l'Illinois (nord), qui doit se rendre en Irak prochainement, a ajouté :"J'ai toujours dit que le rythme du retrait serait dicté par la sécurité de nos troupes et le besoin de maintenir la stabilité».

Les médias ont largement fait écho de cette remarque qui a suscité de vives critiques dans le camp républicain, notamment dans l'équipe de son rival républicain John McCain, et l'a obligé à rapidement convoquer une deuxième conférence de presse où il a semblé faire machine arrière.

«Je n'ai pas vu d'informations qui contrediraient l'idée de ramener nos troupes en toute sécurité au rythme de une ou deux brigades par mois», a alors déclaré M. Obama.

«Dès mon entrée en fonction, je convierai le chef d'État major et je lui donnerai une nouvelle mission, celle de terminer la guerre», a-t-il dit.

Obama a dit pendant la campagne vouloir retirer la plupart des brigades de combat dans un délai de 16 mois, laissant sur place des hommes pour protéger l'ambassade américaine.

Les républicains ont rapidement réagi en le taxant d'inexpérimenté, et en estimant qu'il était prêt à tourner sa veste pour gagner des voix.

«L'exercice de funambule que doit faire Obama est de rester fidèle à son message, de continuer à associer John McCain à la guerre en Irak, tout en faisant un pas en arrière par rapport à ses déclarations les plus fortes sur son désir de procéder à un retrait», analyse Justin Logan, expert au Cato Institute à Washington.

La marge de manoeuvre est très étroite et Obama, en se défendant d'avoir changer de position sur l'Irak, alors que selon un sondage de la chaîne de télévision CNN 68% des Américains sont désormais opposés à la guerre, n'est pas pour autant à l'abri des assauts du camp McCain.

«Si réellement il va en Irak et que, quoiqu'il voit, il ne change pas d'avis, alors pourquoi y va-t-il», s'est interrogé un porte-parole de M. McCain Brian Rogers.

«Si c'est juste pour dire qu'il l'a fait, alors cela relève d'une manière cynique de faire de la politique, ce dont les Américains sont las», a ajouté M. Rogers.

John McCain n'est pas pour autant à l'aise sur l'Irak. Critique de la stratégie américaine au début du conflit, le sénateur de l'Arizona (sud-ouest) est devenu un défenseur du renfort des troupes mis en place à partir du début 2007.

Lors des primaires, il s'est opposé à un retrait américain, qui hypothèquerait selon lui les progrès réalisés en matière de sécurité.

«Nous avons eu une administration Bush et maintenant un John McCain, avec une théorie selon laquelle nous resterons indéfiniment en Irak et qu'un jour peut être les Irakiens vont se réveiller et décider qu'ils sont prêts à composer avec leurs différences et à se réconcilier», a commenté Susan Rice, la principale conseillère de Barack Obama en politique étrangère.

«Barack Obama pense que cela fait cinq ans que ça ne marche pas, et qu'en plus ce n'est pas viable'«, a ajouté Susan Rice.

Selon un sondage CNN, 64% des gens sont pour un retrait massif des troupes d'Irak et 33% sont pour un statu quo.