Des dizaines de milliers de spectateurs se sont massés samedi dans les rues d'Amsterdam pour assister à une parade gay de 80 péniches qui ont vogué pendant quatre heures, dans une ambiance baroque et au son de la musique disco, sur les canaux historique de la ville.

Les quais et les ponts ont été envahis par une foule de badauds, touristes, membres de la communauté homosexuelle ou amateurs de fêtes.

Les restaurants et cafés étaient décorés de ballons roses tandis que les odeurs de marijuana et des effluves d'alcool flottaient dans l'air.

Une péniche bondée d'hommes vêtus de mini-shorts moulants en cuir, le buste dénudé mis en valeur par des bandes de cuir, qui encourageaient la foule à danser sur les rythmes du tube «I just can't get enough», a remporté un triomphe.

Torses nus masculins, plumes et boas, bikinis et tenues rutilantes : l'ambiance était à la fête, mais des messages plus sobres évoquaient les persécutions dont sont victimes les homosexuels dans certains pays.

L'une des péniches, parrainée par une ONG, était vide pour rappeler le sort des homosexuels persécutés ou encourant la peine de mort.

Des bateaux transportaient des hommes et femmes déguisés en cow-boys, anges ou démons. Une péniche adressait à la foule un message plus grave, avec une banderole sur laquelle était inscrit en lettres roses : «Tous le monde n'est pas libre de célébrer» (la gay pride).

Pour la première fois, des membres du gouvernement néerlandais et le maire d'Amsterdam, Job Cohen, ont assisté à cette parade gay, la 13e organisée dans cette ville, pour montrer leur soutien politique à la cause gay.

M. Cohen a estimé que la tolérance à l'égard des homosexuels était menacée. «Le nombre d'incidents relevant de la discrimination et d'actes de violence à l'encontre des homosexuels a augmenté ces dernières années», a-t-il dit.

«C'est une occasion très importante, pas seulement une fête», assure Blas Aguero, 35 ans, venu de Bruxelles. «Même si les gens ne disent pas qu'ils ne vous aiment pas parce que vous êtes gay, ils ne vous acceptent jamais complètement».

«Nous sommes ici pour la fête mais aussi pour la lutte», a déclaré l'organisateur de la parade, Frank van Dalen, soulignant que l'ensemble de la société était concernée, sur les lieux de travail comme sur les terrains de sport.

«La société attend toujours des homosexuels qu'ils se comportent 'normalement'. Elle devrait commencer à admettre que nous apportons un plus grâce à notre différence», a-t-il estimé.

«Il est temps qu'on ne cherche plus querelle aux lesbiennes qui marchent dans la rue en se tenant par la main comme c'est arrivé à l'une de mes amies», assène une femme de 24 ans qui ne veut pas être identifiée.

«Nous sommes ici pour montrer qu'une famille rose est OK», déclare pour sa part Lyke van der Schaft, 35 ans, accompagnée de sa partenaire et de sa fille.

Pour la première fois, une péniche transportait un groupe de chrétiens homosexuels, et une autre, baptisée «Rose en bleu», des policiers gay en uniforme.