La nouvelle stratégie du Pentagone, révélée jeudi dans un rapport, préconise de se focaliser dans les prochaines années sur une «guerre irrégulière» contre les extrémistes plutôt que sur une «guerre conventionnelle» contre la Chine ou la Russie.

«Dans l'avenir, gagner la guerre irrégulière contre les mouvements extrémistes et violents sera l'objectif central des États-Unis», assurent les auteurs de ce document, intitulé «Stratégie de la défense nationale» et approuvé par le secrétaire à la Défense Robert Gates.

Le nouvel environnement stratégique des États-Unis «sera défini par une lutte globale contre l'idéologie extrémiste et violente qui cherche à renverser l'ordre mondial», ajoutent-ils. L'armée américaine doit donc se préparer à une lutte plus diversifiée et de longue durée contre les insurrections et le terrorisme, à l'échelle mondiale, appelée dans le rapport «guerre irrégulière».

Il s'agit d'acquérir une «maîtrise de la guerre irrégulière comparable à la maîtrise de la guerre conventionnelle», que possèdent les États-Unis.

Cette nouvelle maîtrise doit se faire en étendant les capacités militaires des autres pays et en travaillant avec les états partenaires et alliés pour «aider à réduire les zones du Monde livrées à elles-mêmes et ainsi empêcher les sanctuaires extrémistes».

Ce rapport entérine un changement déjà amorcés en raison des guerres en Irak et en Afghanistan, mais a déjà rencontré la désapprobation de certains militaires inquiets qu'on sacrifie la suprématie conventionnelle de l'armée américaine.

Mais Robert Gates a défendu devant les journalistes cette nouvelle stratégie, assurant qu'il s'agissait de concrétiser les aptitudes et de tirer les leçons des deux guerres où des troupes américaines sont engagées.

Selon lui, si les programmes d'armes conventionnelles se taillent la part du lion dans le budget «achat» du Pentagone, il n'y a pas en revanche d'appui politique soutenant les nouvelles exigences requises par cette guerre irrégulière et asymétrique.

«Le danger n'est pas que la modernisation soit sacrifiée pour financer ce nouveau type de guerre mais plutôt que dans l'avenir, on néglige cette dernière», a-t-il déclaré.

Alors que la Chine augmente ses capacités militaires conventionnelles, «la régression de la Russie en matière d'ouverture et de démocratie pourrait avoir d'importantes conséquences pour la sécurité des États-Unis», relèvent les auteurs du rapport.

Mais dans les deux cas, l'objectif des États-Unis devrait être de construire «des relations de partenariat et de coopération avec eux», ajoutent-ils.

«Je ne considère aucun de ces pays comme une menace pour les États-Unis aujourd'hui mais ils investissent dans des programmes de modernisation qui sont préoccupants», a poursuivi M. Gates. Les États-Unis continueront «à améliorer et perfectionner nos capacités pour répondre à la Chine si nécessaire», selon le rapport.

La Russie tire profit de sa richesse pétrolière et continue d'«intimider ses voisins», une autre source de préoccupation. Les auteurs du rapport citent également la reprise des vols de ses bombardiers stratégiques à capacité nucléaire ou son retrait des traités de réduction des armements.

«Toutes ces actions montre que la Russie cherche à retrouver de l'influence et à jouer un grand rôle international», commentent les auteurs du rapport.