Le président zimbabwéen Robert Mugabe a prévenu lundi à Harare que le Zimbabwe n'était «pas à vendre» et a mis en garde l'opposition contre toute velléité de donner le contrôle du pays à l'«ennemi», lors de la cérémonie en l'honneur des héros de l'indépendance.

«Ne donnons pas le pays à l'ennemi (...). Nous avons gagné notre indépendance», a-t-il déclaré à la foule avant la reprise des négociations-marathon engagées la veille avec l'opposition sur un partage du pouvoir.

«Si vous êtes du côté de l'ennemi ou s'il vous utilise, il faut arrêter (...). Arrêtez afin que cela ne soit pas une vaine unité. Une fausse unité. Ce doit être une unité guidée par des principes de base. Des principes qui vont nous rendre plus forts», a-t-il poursuivi.

Pour le chef de l'Etat, reprenant des propos maintes fois utilisés par le passé, «le Zimbabwe n'est pas à vendre et le Zimbabwe ne sera plus jamais une colonie». M. Mugabe a souvent qualifié le leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, opposition) Morgan Tsvangirai de marionnette de l'ancien colonisateur britannique.

Après cette cérémonie, les deux hommes et le chef d'une faction dissidente du MDC, Arthur Mutambara, devaient reprendre les pourparlers sur un partage du pouvoir entamés la veille pour régler les points de litige.

Le président Mugabe a, durant ce discours à la nation, félicité les autres parties de s'être engagées dans ces négociations. Il a en particulier remercié son homologue sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans la crise, soulignant sa «patience» durant les pourparlers visant à sortir le pays de la crise née de la défaite historique du régime aux élections générales du 29 mars.

«Nous avons passé toute la nuit (de dimanche à lundi) hier à discuter, et sur certains points litigieux, parfois, j'ai presque levé mon poing, mais il gardait son sang-froid», a-t-il souligné en présence du chef d'une faction dissidente du MDC, présent pour la première fois à cette cérémonie.

«C'est un homme très patient. Même le professeur Mutambara (...), qui est ici, avait l'air de perdre patience. Nous avons tous les deux perdus notre sang-froid, mais nous nous sommes maîtrisés en se disant que si le médiateur était patient, qui sommes-nous pour perdre notre sang-froid», a poursuivi M. Mugabe.

Le président zimbabwéen a par ailleurs regretté les sanctions imposées par l'Occident qui «constituent une interférence directe avec notre processus interne». «L'Occident montre clairement un double langage», a-t-il dénoncé.

Fin juillet, l'Union européenne puis les États-Unis avaient accru leurs sanctions contre le régime d'Harare.

Le président Mugabe s'est adressé à la nation en shona et anglais lors de ce rassemblement en l'honneur des Zimbabwéens morts pour l'indépendance de l'ancienne Rhodésie du Sud britannique.