Le président Nicolas Sarkozy est arrivé ce matin à Kaboul pour rendre hommage à 10 soldats français tués hier dans des combats contre les talibans et rencontrer le président afghan Hamid Karzaï et le général français Michel Stollsteiner.

Avant de s'envoler hier soir de Nice, interrompant ses vacances, Sarkozy a réaffirmé sa détermination à poursuivre la lutte contre le «terrorisme» aux côtés des États-Unis et de l'OTAN en Afghanistan.

Les Français sont tombés dans une embuscade à une cinquantaine de kilomètres de Kaboul et 21 autres soldats ont été blessés.

Il s'agit de l'attaque au sol la plus meurtrière visant les forces étrangères dans le pays, où les insurgés multiplient les raids d'envergure et semble vouloir encercler Kaboul, la capitale.

Le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées, a affirmé à Paris que les hommes étaient tombés «dans une embuscade bien montée». Le Pentagone, qui dit avoir fourni un soutien aérien rapproché aux Français, a parlé d'«une attaque complexe impliquant des armes légères, des tirs de mortier, des roquettes, et qui a duré plusieurs heures».

Attaque contre une base

En même temps, des dizaines d'insurgés, certains portant des vestes bourrées d'explosifs, ont attaqué pour la deuxième fois en deux jours la base américaine Salerno, dans l'est de l'Afghanistan, à une trentaine de kilomètres du Pakistan. Lundi déjà, un attentat suicide des talibans contre la base avait fait 10 victimes civiles.

«D'après les premiers rapports, une trentaine de talibans ont tenté d'attaquer la base. Nous avons découvert les corps de six personnes portant des vestes bourrées d'explosifs», a déclaré le gouverneur de la province de Khost, Arsala Jamal.

«Deux enfants ont été tués et trois hommes blessés dans une maison proche de la base. Nous ne savons pas dans quelles circonstances ils ont été atteints», a précisé le service de presse du gouverneur.

L'audace de ces attentats, et de plusieurs autres rapportés par ses services au sol au cours des 48 dernières heures, a poussé hier le Senlis Council, un centre d'études très branché sur l'Afghanistan, à lancer une «alerte médiatique» pour parler de l'«échec» de l'OTAN et de la menace d'«encerclement de Kaboul».

«Kaboul n'est pas sur le point de tomber. Mais les assauts des talibans aux portes de la ville leur donnent un net avantage psychologique auprès des civils afghans, au même titre que l'attaque de la prison de Sarpoza, à Kandahar, en juin», a dit à La Presse Almas Bawar Zakhilwal, porte-parole du Senlis Council à Ottawa.

Revoir la stratégie

«Dès ce moment, nous avons dit que l'OTAN devait doubler ses forces en Afghanistan, à 100 000 hommes, et que tous les pays membres devaient se jeter dans la bataille sans réserve aucune», a dit cet analyste d'origine afghane. «Rien n'a été fait et l'Afghanistan n'a pas été évoqué hier à la réunion de l'OTAN», a-t-il noté.

Selon lui, l'OTAN est aux prises avec trop de fronts à la fois et se voit obligée d'étirer ses forces. «Autant la Russie profite de ses difficultés sur le front géorgien, autant les talibans multiplient les attaques dans tout l'Afghanistan pour obliger l'OTAN à éparpiller ses 50 000 hommes sur le terrain et donc à dégarnir la défense de Kaboul», a-t-il estimé.

Or, a souligné Zakhilwal, l'Afghanistan va tenir des élections en 2009, et Karzaï sera à nouveau candidat à la présidence. «À quoi vont rimer des élections quand l'Afghan moyen ne voit aucun changement positif dans ses conditions de vie et perçoit l'impuissance de l'OTAN à réprimer les talibans?» a-t-il demandé.

Selon lui, il est plus que temps pour la «communauté internationale d'admettre ses erreurs et de réviser sa stratégie afghane de façon radicale».

Avec AFP, AP, Reuters, BBC, VOA, Atimes.com