Les ministres des Affaires étrangères de l'OTAN, réunis mardi à Bruxelles, étaient déterminés à soutenir la Géorgie et à pousser la Russie à respecter son engagement à retirer ses troupes, tout en voulant éviter de rompre avec Moscou.

Les 26 pays de l'OTAN sont d'accord pour «un durcissement du langage» face à la Russie qui n'a «pas respecté» jusqu'ici son engagement à retirer ses forces de Géorgie, a déclaré un diplomate français alors que la réunion, débutée à 10h00 (4h00 HAE), était toujours en cours.

Selon un autre diplomate occidental, les 26 pays membres de l'Alliance pourraient aussi créer une commission spéciale OTAN-Géorgie.

«Cette commission ne serait pas un substitut au MAP (qui équivaut au statut officiel de candidat à une adhésion à l'OTAN), qui reste à l'agenda pour décembre», a néanmoins précisé ce diplomate ayant requis l'anonymat.

Mais plusieurs ministres ont, à leur arrivée au siège de l'OTAN pour cette réunion voulue par Washington, surtout insisté sur la nécessité de mettre en oeuvre le fragile cessez-le-feu négocié par la présidence française de l'UE.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a appelé la Russie à retirer ses troupes «au moins du coeur de la Géorgie», en soulignant qu'aucun cessez-le-feu durable ne serait possible sans la volonté de la Russie.

M. Steinmeier n'a pas précisé si le «noyau» de la Géorgie constituait le territoire géorgien moins les régions séparatistes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud.

Aux termes du plan de paix négocié par la France, la Russie s'est engagée à retirer ses troupes de Géorgie, mais aucun signe de retrait des troupes russes de Géorgie n'était visible mardi matin, selon Tbilissi.

Le diplomate en chef de l'Union européenne, Javier Solana, a néanmoins estimé à la mi-journée que ces troupes «commençaient à bouger» en Géorgie et espéré qu'elles «démarreraient sérieusement leur retrait dans la journée».

«Il est absolument clair que la Russie doit tenir les engagements pris par le président Medvedev, et les tenir immédiatement», a déclaré le ministre britannique David Miliband à l'OTAN.

L'Alliance doit «s'assurer que la Russie ne tire pas les mauvaises leçons des évènements des deux dernières semaines. La force ne peut pas servir à définir de nouvelles lignes autour de la Russie», a ajouté M. Miliband, qui devait se rendre en Géorgie après la réunion.

Mais il a aussi souligné «ne pas croire qu'isoler la Russie est la bonne réponse».

La veille, la secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice avait assuré que les tensions avec Moscou n'auraient pas d'impact sur les négociations multilatérales auxquelles Washington et Moscou participent conjointement, comme les dossiers nucléaires iranien et nord-coréen, et que les deux pays continueraient à «avoir des projets stratégiques d'intérêt commun».

Elle avait néanmoins indiqué que l'OTAN devait réaffirmer son intention d'accueillir la Géorgie et ne pas laisser Moscou tracer «des lignes rouges» à l'élargissement de l'Alliance atlantique près de ses frontières.

Là-dessus, toutefois, les discussions pourraient être vives à l'OTAN, entre partisans d'une ligne très ferme envers Moscou (États-Unis, Royaume-Uni, Pologne, Baltes) et ceux pour lesquels la Russie est un partenaire incontournable.

«Il y a des différences de sensibilité», a reconnu le ministre belge Karel De Gucht pour lequel il faut «garder ouvert le canal de communication avec la Russie».

Côté russe, le vice-ministre des Affaires étrangères Alexandre Grouchko a à nouveau averti mardi qu'il y aurait des «problèmes» dans la coopération entre Moscou et l'OTAN si celle-ci tentait de «protéger» la Géorgie.