Moscou a prévenu que son retrait de Géorgie, officiellement commencé mardi, prendrait trois à quatre jours, et a menacé l'OTAN de «conséquences» à subir pour son soutien à Tbilissi.

Le président russe Dmitri Medvedev a affirmé mardi au président français Nicolas Sarkozy que «le retrait des troupes russes (de Géorgie: ndlr) sera achevé les 21 et 22 août, à l'exception d'un effectif de 500 personnels (...) prévu par l'article 5 de l'accord du 12 août» sur le cessez-le-feu, a annoncé la présidence française dans un communiqué.

«Le retrait se fera au fur et à mesure du retour effectif des forces géorgiennes à leurs bases permanentes et du renforcement des positions des forces de maintien de la paix. Je pense que cela prendra trois ou quatre jours», a également déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Il a vertement critiqué la déclaration commune des ministres des Affaires étrangères de l'OTAN réunis à Bruxelles, qui stipule que l'Alliance ne peut continuer ses relations avec la Russie comme si de rien n'était («business as usual»).

La Russie va tirer «les conclusions qui s'imposent», a dit M. Lavrov accusant l'Alliance de prendre «sous sa protection» le régime «criminel» du président géorgien Mikheïl Saakachvili.

La déclaration de l'OTAN sur le conflit géorgien n'est «pas objective et reflète un parti pris», a-t-il ajouté.

Cette crise risque d'envenimer encore plus les relations entre la Russie et l'OTAN.

Moscou a mis en garde contre des «problèmes» dans la coopération entre la Russie et l'OTAN, qui porte sur l'aide russe en Afghanistan, les possibilités de transit aérien, ainsi que la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération, a rappelé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko.

Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir mardi pour discuter d'un nouveau projet de résolution appelant au respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie et au retrait des troupes russes.

La marine russe a annoncé l'annulation de sa participation à des manoeuvres prévues en mer Baltique dans le cadre du partenariat avec l'OTAN et signifié qu'elle ne pourrait accueillir comme prévu une frégate américaine en septembre en Extrême-Orient.

À Bruxelles, le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer a accusé la Russie de ne pas respecter «pour le moment» le plan de paix négocié par le président français Nicolas Sarkozy et accepté par les deux pays.

L'OTAN «n'a aucun signe de retrait russe de Géorgie» pour le moment, a-t-il poursuivi à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des 26 pays membres à Bruxelles pour soutenir la Géorgie.

Le Pentagone a également dit qu'il n'avait toujours pas observé de retrait significatif.

La France est «très déçue» de l'attitude de la Russie, a renchéri le chef de la diplomatie Bernard Kouchner.

Sur le terrain, une colonne de blindés russes près de la ville géorgienne stratégique de Gori entre l'est et l'ouest a pris la direction de la Russie, a constaté un journaliste de l'AFP. Elle a été présentée par les militaires russes comme «l'une des premières colonnes à quitter la Géorgie».

Un lieutenant-colonel russe a donné devant les caméras de télévision l'ordre à cette colonne comprenant sept blindés, trois chars et deux camions militaires de la 58e armée russe, transportant 120 soldats, de prendre la direction de Tskhinvali, en Ossétie du Sud, et de continuer ensuite vers le nord, jusqu'à Vladikavkaz (Russie).

Des départs de troupes russes surviennent «bien entendu au même moment en plusieurs endroits différents» pour retrouver leurs lieux de cantonnement, a affirmé le porte-parole de l'armée de terre, le colonel Igor Konachenkov.

Les Géorgiens ont aussitôt dénoncé «un show destiné à créer une illusion de retrait».

«Aucun char, aucun soldat russe n'a quitté la Géorgie», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur Chota Outiachvili.

Cependant, développement incontestablement positif, quinze prisonniers géorgiens ont été échangés contre cinq Russes sur un pont d'Igoïeti, un village distant d'une trentaine de kilomètres de Tbilissi.

Et Moscou et Tbilissi ont donné leur accord sur l'envoi immédiat de 20 observateurs militaires supplémentaires dans «la zone de conflit adjacente à l'Ossétie du Sud», république séparatiste géorgienne. L'OSCE avait déjà avant le conflit neuf observateurs militaires en Ossétie du Sud.

Sur la route d'Igoïeti à Gori, les militaires russes semblaient toutefois renforcer leurs positions en posant des blocs de béton autour des points de contrôle, a constaté un journaliste de l'AFP qui a vu des dizaines de blindés et camions.

En Géorgie occidentale, un journaliste de l'AFP a observé des mouvements de convois militaires venant de la base géorgienne occupée de Teklati (ouest) vers le territoire séparatiste d'Abkhazie mais a vu aussi des véhicules russes passer dans le sens inverse.