Le premier jour de la convention républicaine, demain, risque de s'apparenter, pour John McCain, à une visite chez le dentiste. Une expérience franchement désagréable à laquelle on n'a pas le choix de se soumettre.

Car parmi les orateurs les plus prestigieux à donner le coup d'envoi à cette grand-messe du Parti républicain se trouvera, en tête de liste, George W. Bush.

Comme si ce n'était pas assez, l'actuel président sera précédé sur scène par son bras droit, Dick Cheney.

À la tête du pays depuis près de huit ans, Bush déplaît à une majorité d'Américains. Il a depuis longtemps touché le fond du baril en matière de popularité.

Le taux de satisfaction à son égard oscille autour de 30%, un résultat que même Richard Nixon, à l'époque du Watergate, n'aurait pas vraiment envié.

McCain voudra donc rapidement passer à autre chose. Ça, même Bush l'a compris.

«L'accent sera mis sur John McCain et sur les raisons pour lesquelles il est la personne qu'il faut pour devenir président des États-Unis. Sur l'avenir plutôt que sur le passé», a récemment déclaré Dana Perino, porte-parole de la Maison-Blanche.

«McBush»

Sortir McCain de l'ombre de Bush sera l'un des objectifs de la convention républicaine, estime David Lublin, qui enseigne les sciences politiques à l'American University de Washington.

«Les démocrates font tout ce qu'ils peuvent pour associer McCain à Bush. Les républicains vont donc tenter de minimiser son rôle. De ne pas le mettre en évidence», a expliqué le politologue à La Presse.

«Pour gagner, McCain devra convaincre les gens qu'il ne représente pas le statu quo», a ajouté l'expert.

Ce sera plus facile à dire qu'à faire. Les responsables de la campagne de Barack Obama ont mis l'accent sur le changement. Et ils se plaisent à répéter inlassablement que McCain est un clone de Bush.

Dans son discours, jeudi dernier, Obama a mentionné le nom de l'actuel président près d'une dizaine de fois. «John McCain a voté avec George Bush 90% du temps», a-t-il lancé pour mettre en doute le jugement de son rival républicain.

McCain doit donc à tout prix se démarquer de Bush cette semaine. Il sera peut-être tenté de proposer quelques idées novatrices. Actuellement, une large majorité d'Américains juge que le pays ne va pas dans la bonne direction.

Tout ça, les responsables de la campagne de McCain le savent bien. C'est ce qui explique que le candidat républicain ait misé sur Sarah Palin comme colistière. Son expérience est extrêmement limitée, mais elle peut véritablement incarner le changement aux yeux des électeurs.

Outre Palin, Gustav viendra peut-être donner un coup de pouce inespéré au candidat républicain cette semaine. L'ouragan risque fort de faire des ravages sur le territoire américain, auquel cas Bush pourrait annuler son discours de demain. Parions que McCain ne cherchera pas à le faire changer d'avis.