Décidées à ne pas répéter les mêmes erreurs que lors du passage de Katrina, il y a trois ans, les autorités ont ordonné l'évacuation massive du sud de la Louisiane et du Mississippi. Un million de personnes ont donc pris le chemin de l'exode alors que l'ouragan Gustav gagnait en puissance et s'approchait des côtes américaines.

Le gouverneur de la Louisiane, Bobby Jindhal, a été catégorique : «Cette tempête menace d'être aussi grave qu'on peut l'imaginer. On pourrait voir des inondations encore pires que lors de Katrina.»

La tempête tropicale, qui a fait au moins 85 morts à Haïti, en République dominicaine et en Jamaïque, a balayé l'île de Cuba, hier. Elle s'est transformée en ouragan de catégorie 4 (sur une échelle de 5), avec des pointes de vent atteignant 240 km/h. Le National Hurricane Center de Miami prévoit que Gustav s'intensifiera encore avant de toucher terre, sans doute au centre de la Louisiane.

La Nouvelle-Orléans, dévastée en 2005, pourrait donc être relativement épargnée. Malgré tout, ses habitants fuient par milliers. Peu après 21h, hier soir, le maire Ray Nagin a ordonné l'évacuation «générale et impérative» de la ville. Il a également averti que la Ville ne recueillerait pas les rescapés dans des abris de fortune, contrairement à ce qui avait été fait en 2005.

« C'est la mère de toutes les tempêtes, a-t-il déclaré. Cette tempête est si puissante et devient tellement plus puissante chaque jour que je ne suis pas sûr que nous ayons déjà vu quelque chose de similaire. »

Malgré les sérieux avertissements, le maire Nagin estime que moins de la moitié des citoyens avaient quitté la ville.

Près de 2000 soldats de la Garde nationale ont été mobilisés pour prêter main-forte aux 1400 policiers municipaux afin d'éviter le pillage et la violence qui avaient ravagé la ville il y a trois ans.

Une douzaine d'autres municipalités du secteur ont décrété des évacuations obligatoires.

Des centaines de personnes ont fait la file hier pour obtenir une place dans les autobus qui transportent les évacués vers des villes de l'intérieur. Plusieurs ne savaient même pas où ils seraient emmenés.

Pendant ce temps, des milliers d'autres personnes s'entassaient sur les autoroutes, provoquant une congestion monstre. Des stations-service ont manqué de carburant et les lignes téléphoniques, surchargées, ont flanché.

Jamais trop de solutions de rechange

Richard Strasbourg, montréalais installé depuis neuf ans près de La Nouvelle-Orléans, a reçu l'ordre de fuir sa maison, hier après-midi. Au moment où La Presse l'a joint, il n'avait encore aucune idée de sa destination finale. «On va rouler au moins jusqu'en Floride et chercher un hôtel. Ça, c'est le plan A, a-t-il expliqué. Si tout est complet, on va chercher un terrain de camping. Ça, c'est le plan B. Et s'il n'y a toujours pas de place, plan C : on va dormir dans l'auto.»

Son ami Schubert Dauphin connaît bien les dangers des ouragans, puisqu'il a vu passer Katrina de sa maison de Thibodaux, à une centaine de kilomètres de La Nouvelle-Orléans. Des vents violents avaient déraciné ses arbres et arraché les tuiles de son domicile.

Comme plusieurs de ses concitoyens, cet ex-Montréalais accueille les avertissements avec beaucoup plus de sérieux cette fois-ci. Hier après-midi, il a pris la route avec deux amis. Leur destination? «Le Nord, le plus loin possible.»

«On comprend que le traumatisme psychologique est encore bien présent chez les gens, confie-t-il. Ceux qui ont tenté leur chance il y a trois ans ne le feront pas maintenant. L'évacuation va être beaucoup plus importante.»

Tôt ce matin, les autorités mettront en place ce qu'elles appellent le contraflow : toutes les autoroutes deviendront à sens unique. Aucune voiture ne sera autorisée à s'approcher de La Nouvelle-Orléans.

En 2005, Katrina avait tué plus de 1800 personnes dans cinq États américains, dont 1577 en Louisiane.

Cuba frappée de plein fouet

Gustav a traversé Cuba, hier, soufflant des pylônes électriques, dévastant des plantations, inondant les rues. Le gouvernement a ordonné l'évacuation de 250 000 personnes. Un responsable de la défense civile a affirmé que la tempête n'avait fait aucun mort, mais qu'il y avait eu de nombreux blessés au sud de l'île.

— Avec Associated Press, Agence France-Presse, CNN.