Israël a libéré lundi 198 prisonniers palestiniens, dont deux parmi les plus anciens, dans un geste à l'égard du président Mahmoud Abbas qui les a accueillis en héros à Ramallah.

Ces libérations sont intervenues quelques heures avant l'arrivée de la secrétaire d'État américaines Condoleezza Rice pour une nouvelle mission en Israël et chez les Palestiniens, engagés dans de difficiles négociations de paix.

«La libération de ce groupe nous comble de joie mais nous ne serons pas tranquilles avant la libération de tous les prisonniers, les 11 000 qui attendent toujours», a dit M. Abbas en recevant les prisonniers libérés dans la cour de la Mouqataa, son QG à Ramallah en Cisjordanie.

«Il n'y aura pas de paix sans la libération de tous les prisonniers», a-t-il ajouté, en saluant «198 héros de notre peuple», accueillis par des milliers de personnes.

Israël et les Palestiniens avaient dans un premier temps parlé de 199, et non pas 198, prisonniers libérés, dont deux femmes, appartenant pour la plupart au Fatah, le parti de M. Abbas.

«Nous espérons que cette mesure contribuera à instaurer un climat positif et à encourager le processus de paix», a déclaré à l'AFP le porte-parole du premier ministre israélien Ehud Olmert, Marc Regev.

Le plus ancien détenu palestinien en Israël, Saïd Al-Attaba, 56 ans, incarcéré depuis 1977, et Mohammad Ibrahim Abou Ali, alias «Abou Ali Yatta», emprisonné depuis près de 30 ans, font partie des détenus libérés.

Ils purgeaient des peines de prison à vie après avoir été reconnus coupables d'implication dans des attaques anti-israéliennes meurtrières.

C'est la première fois que le gouvernement israélien accepte de libérer des Palestiniens condamnés pour des attentats ayant fait des morts.

«C'est un jour de joie pour tous les combattants de la liberté et de l'indépendance», a déclaré à l'AFP M. Attaba à son arrivée à Ramallah. «Le carcan a été brisé. C'est notre victoire contre le carcan», a-t-il renchéri dans une allocution à la Mouqataa.

Parmi les prisonniers libérés figurent également Hossam Khader, un leader populaire du Fatah arrêté en mars 2003 et condamné à sept ans de prison alors qu'il était député au parlement.

Rassemblés dans la matinée au centre de détention israélien d'Ofer, les détenus sont montés à bord de cars qui les ont conduits au barrage proche de Beitounya à l'entrée de Ramallah. La plupart d'entre eux ont baisé le sol à leur descente des véhicules de l'administration pénitentiaire israélienne.

Des dizaines de Palestiniens, notamment des parents et des amis, les attendaient au barrage de Beitounya, d'où ils ont été emmenés à la Mouqataa.

Les Palestiniens rassemblés à Beitounya brandissaient des drapeaux palestiniens, des bannières jaunes du parti Fatah et des portraits de prisonniers.

Ils entonnaient des chants patriotiques. Des femmes poussaient des youyous de joie.

«C'est un grand jour que nous attendons depuis 32 ans», a affirmé à l'AFP Sanaa Al-Attaba, la soeur de Saïd.

«Nous avons connu 96 Aïd (fête musulmane) depuis son arrestation mais la prochaine sera la première que nous passerons dans la joie», renchérit Ali Ibrahim Abou Ali, le frère de «Yatta».

Mme Rice, qui effectue sa 18ème visite dans la région en deux ans, doit avoir des entretiens axés sur les négociations israélo-palestiniennes, censées aboutir avant la fin de l'année mais qui n'ont enregistré aucune percée depuis leur relance en novembre 2007 à Annapolis aux États-Unis.

M. Abbas, qui la voit mardi, a répété en recevant les prisonniers qu'un éventuel accord avec Israël devrait apporter un règlement à toutes les questions, soulignant qu'il rejetterait un accord partiel.

«Toutes les questions, dont le sort de Jérusalem, des réfugiés, des colonies et des frontières doivent être réglées. Nous n'accepterons aucun autre accord», a-t-il dit.