L'Otan a rejeté jeudi les accusations de Moscou selon lesquelles elle renforçait sa présence navale en mer Noire, région désormais au coeur des tensions entre l'Occident et la Russie après le conflit en Géorgie.

«Il n'y a pas de renforcement naval en mer Noire comme les autorités russes le clament dans les médias», a martelé la porte-parole de l'Alliance atlantique, Carmen Romero, après que la Russie a averti qu'elle y répondrait.

L'Alliance a expliqué que cinq de ses navires de guerre s'étaient rendus en mer Noire pour des exercices planifiés de longue date au large de la Roumanie et de la Bulgarie, et qu'ils avaient requis dès le mois de juin les autorisations nécessaires pour s'y rendre.

Mercredi, les services du Premier ministre russe Vladimir Poutine ont indiqué que Moscou prenait ses précaution contre les navires américains et ceux de l'Otan, tout en affirmant espérer pouvoir éviter une confrontation.

«Ce n'est pas une pratique courante. Des mesures de précaution sont certainement prises (...) Espérons que nous n'assisterons pas à une confrontation directe», avait déclaré un porte-parole russe.

«L'apparition de bateaux de l'Otan en mer Noire et à proximité des côtes géorgiennes, ainsi que la décision de délivrer une aide en utilisant des navires de guerre sont difficiles à expliquer», avait-il relevé, en référence à l'acheminement d'aide humanitaire par la marine américaine à la Géorgie, théâtre d'affrontement armés entre Russes et Géorgiens ces dernières semaines.

La Russie fait face à un flot de condamnations des capitales occidentales pour avoir reconnu mardi l'indépendance des deux régions géorgiennes séparatistes, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, au coeur du conflit qui a éclaté début août dans l'ex-république soviétique.

Mercredi, un général russe avait également mis en garde l'Otan contre toute violation d'un accord datant d'avant la Seconde guerre mondiale --la Convention de Montreux-- qui limite le nombre et le type de vaisseaux militaires pouvant naviguer en mer Noire.

La Russie, qui a envoyé des navires croiser face aux côtes géorgiennes dans le cadre de sa réponse à l'offensive lancée par Tbilissi pour reprendre le contrôle sur l'Osssétie du Sud, affirme que de son côté, elle ne prévoit pas de renforcer sa flotte en mer Noire.

Selon la Convention de Montreux, qui date de 1936, les navires de guerre des pays extérieurs à la région ne peuvent pas excéder un plafond de 45.000 tonnes.

La Convention attribue par ailleurs à la Turquie, pays qui a rejoint l'Otan en 1952, le contrôle total sur les détroits des Dardanelles et du Bosphore, qui relient la mer Noire à la Méditerranée.

Des débats ont à plusieurs reprises fait rage sur la portée de la Convention, Moscou se plaignant dès la Seconde Guerre mondiale et durant la Guerre froide qu'elle était flouée. Son interprétation, complexe, est généralement laissée à la Turquie.

«L'Alliance n'a d'aucune manière violé la Convention de Montreux puisque la demande de permission pour traverser les détroits turcs a été introduite fin juin», a assuré jeudi Carmen Romero.

Selon l'Otan, quatre de ses navires sont actuellement à Constanta, en Roumanie, pour des exercices conjoints avec les marines roumaine et bulgare. Ils devraient ensuite se rendre à Varna, en Bulgarie, avant de quitter la mer Noire. Un cinquième a déjà quitté la zone pour se rendre en Somalie.

«Les bateaux ne vont pas rester plus de 21 jours en mer Noire. Tout cela démontre que ces exercices ne font pas monter la tension comme l'affirment les Russes», a estimé la porte-parole de l'Alliance.

Elle a aussi souligné que les deux navires de guerre américains se trouvant en mer Noire pour apporter de l'aide humanitaire à la Géorgie n'étaient pas sous commandement de l'Otan.