Une victime népalaise et les familles de douze autres ont déposé plainte mercredi devant une cour fédérale de Californie contre la société américaine Kellogg Brown and Root (KBR) pour «trafic d'êtres humains», a-t-on appris auprès de leurs avocats aux États-Unis.

Ce «trafic d'êtres humains» concerne 13 Népalais en tout qui, ayant accepté un contrat à Aman en Jordanie pour travailler dans les cuisines d'hôtels et de restaurants, se sont retrouvés en Irak «contre leur volonté».

Une fois arrivés en Jordanie, les passeports de ces 13 hommes, âgés de 18 à 27 ans, ont été saisis, et «ils ont été détenus contre leur volonté, ont expliqué les avocats dans un communiqué. On leur a dit qu'ils allaient être envoyés en Irak pour travailler dans une base aérienne de l'armée américaine».

Les plaignants reprochent à KBR, le plus gros sous-traitant de l'armée américaine en Irak, ainsi qu'à son propre sous-traitant, la société jordanienne Daoud and Partners, d'avoir «manigancé toute la chaîne du trafic, depuis le recrutement au Népal jusqu'à leur emploi final en Irak».

Sollicitée, Heather Browne, porte-parole de la société américaine basée à Houston (Texas) a assuré à l'AFP n'avoir «pas encore eu connaissance de la plainte». «La société en aucun cas n'excuse ni ne tolère des comportements non éthiques ou illégaux», a-t-elle ajouté, précisant que chaque employé signait le «code de conduite» de l'entreprise, qui comprend des «informations sur le trafic d'êtres humains».

Sur le chemin qui les conduisaient vers l'Irak, en août 2004, 12 des 13 hommes ont été arrêtés, enlevés puis exécutés par le groupe armé irakien Ansar al-Sunna. Le treizième, Buddi Prasad Gurung, s'est retrouvé seul sur la base aérienne. Pendant 15 mois, il a été obligé d'effectuer des travaux de magasinage dans un entrepôt supervisés par KBR, ont raconté les avocats.

Le texte de la plainte évoque des méthodes d'«esclavage moderne» et énonce 12 chefs d'accusation, dont «extorsion», «travail forcé», «servitude involontaire», «enlèvement», en violation de la constitution américaine et de plusieurs textes de loi.

Les plaignants protestent également contre la «négligence» des deux sociétés mises en cause, rappelant qu'elles sont sous contrat avec le département de la Défense américain pour de multiples prestations (nourriture, transport, logistique, etc) à destination de l'armée américaine sur place.

«Afin de respecter leurs obligations contractuelles, (des sociétés de recrutement) forment volontairement et à dessein une entreprise dont le but est de trouver des travailleurs peu rémunérés pour augmenter leurs profits», détaille les plaignants.

Selon les plaignants, KBR et Daoud chacune à leur niveau de la chaîne «n'ont pas prêté une attention raisonnable à la sélection, l'embauche et la contractualisation» avec ces entreprises, «enfreignant leur devoir» envers les victimes.