Condamné à 200 coups de fouets et à un an d'emprisonnement en Arabie Saoudite pour avoir été mêlé à une bagarre mortelle, le jeune Montréalais Sultan Kohail risque maintenant de voir sa peine s'aggraver. Pour ses 18 ans, l'Arabie Saoudite lui offre un nouveau procès devant un tribunal pour adultes, et suggère une peine par décapitation sur la place publique.

Sultan recevrait ainsi la même sentence que son frère, Mohamed Kohail, 23 ans. Les deux Montréalais sont accusés d'avoir causé la mort d'un homme, un crime dont ils se disent toujours innocents.

Barry Gaiptman, un ami de la famille et ancien orienteur de Mohamed à l'école Place-Cartier de Beaconsfield, a discuté avec le père des jeunes hommes hier. «La famille ne va pas bien du tout. Ils sont dévastés, déprimés et ils ont de la difficulté à parler de ce sujet tellement ils ont de la peine», a-t-il affirmé.

Amnistie internationale blâme sévèrement l'Arabie Saoudite. «Un des grands fondements du droit, c'est qu'on ne peut pas aggraver une peine. On ne peut certainement pas changer une condamnation sous prétexte que le mineur n'est plus mineur», s'insurge Anne Sainte-Marie, responsable des communications de la section canadienne-française d'Amnistie internationale.

Mohamed Kohail a été condamné à la décapitation en mars dernier. C'est la troisième fois qu'il interjette appel du jugement. Le gouvernement canadien réclame un procès plus juste et équitable pour le frère aîné.

La famille et les amis de Sultan craignent que cette nouvelle comparution devant un tribunal pour adultes soit encore truffée d'anomalies. «Les irrégularités et le fait que Sultan soit obligé de subir un autre procès, ça démontre clairement qu'il y a un manque de cohérence dans ce système de justice», soutient Dan McTeague, critique libéral en matière d'affaires consulaires.

Les deux frères sont citoyens canadiens depuis 2005. En 2007, ils sont retournés en Arabie Saoudite pour assister à un mariage. Durant leur séjour, ils ont été mêlés à une bagarre. Encerclés par une quinzaine de jeunes armés de couteaux, les frères Kohail auraient voulu se défendre. Un des agresseurs a succombé à ses blessures.

«Les parents Kohail pensaient qu'ils avaient sauvé un de leurs fils, s'attriste M. Gaiptman. Ils risquent maintenant de perdre les deux.»