Les négociations sur un pacte de sécurité irako-américain sont terminées et le projet d'accord, qui prévoit notamment un départ des forces américaines à l'horizon 2011, selon un négociateur irakien, doit désormais être soumis aux dirigeants irakiens.

«Le travail des négociateurs est terminé. Maintenant, il se trouve entre les mains des dirigeants» politiques irakiens, a déclaré à l'AFP Mohammed al-Haj Hammoud, le chef des négociateurs irakiens sur le futur statut des troupes américaines en Irak.

«À la fin 2011, les troupes américaines se retireront d'Irak», a-t-il affirmé, avant de préciser: «Il existe toutefois une clause stipulant que le retrait peut avoir lieu avant 2011 ou que la présence peut être prolongée après 2011 en fonction de la situation».

Les négociations sur le statut futur des troupes américaines en Irak (Status of Forces Agreement, Sofa) avaient commencé en février et devaient s'achever fin juillet, mais la complexité des questions et les divergences, notamment sur un calendrier de retrait des troupes américaines, ont retardé la rédaction de l'accord.

Au-delà de 2011, soit plus de huit ans après l'invasion de l'Irak par les forces américano-britanniques, il restera sur place «un certain nombre de troupes, en appui ou pour entraîner les forces irakiennes», a précisé M. Hammoud.

«Le nombre de bases militaires américaines dépendra des effectifs et de leurs besoins», a-t-il encore expliqué.

Jeudi, un responsable militaire américain avait indiqué que les États-Unis pourraient, selon le projet d'accord, commencer à retirer leurs troupes des villes irakiennes dès juin 2009, «si les conditions le permettent».

«Les troupes de combat se retireront des villes irakiennes en juin 2009», a déclaré pour sa part M. Hammoud vendredi.

Les Irakiens considèrent comme une victoire le fait d'avoir obtenu un calendrier de retrait, refusé pendant longtemps par le président américain George W. Bush.

Autre point sensible sur lequel les Irakiens se sont montrés insistants: la fin de l'immunité pour les employés des compagnies privées de sécurité travaillant avec les forces de la coalition.

«Dans les négociations sur le Sofa, le gouvernement irakien n'a accepté aucune immunité» pour ces compagnies, avait affirmé cette semaine le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh.

S'agissant de l'immunité des soldats américains, M. Hammoud a annoncé qu'étaient «prévus plusieurs comités pour examiner les problèmes concernant la violation de la loi irakienne par des troupes» américaines.

Selon le négociateur irakien, M. Bush a approuvé le document.

La Maison-Blanche avait indiqué jeudi qu'elle ne soumettrait pas l'accord sur le futur statut des troupes américaines en Irak à un vote du Sénat.

Mais, côté irakien, le gouvernement du premier ministre Nouri al-Maliki va encore devoir convaincre les responsables politiques du bien-fondé du pacte.

Le texte doit être examiné d'abord par le Conseil exécutif, une instance regroupant le Conseil présidentiel (le président kurde Jalal Talabani et les deux vice-présidents chiite et sunnite), le premier ministre et le président de la région autonome kurde, Massoud Barzani.

Le projet de loi devra être ensuite voté par le Parlement puis approuvé par le Conseil présidentiel.

Les plus hostiles à ce pacte sont les partisans du chef radical chiite Moqtada Sadr, qui ont manifesté après la prière du vendredi à Koufa (centre).

«Cet accord suspect signifie un éternel asservissement. Il viole la Constitution irakienne», était-t-il écrit sur une banderole des manifestants. «Non, non à l'Amérique. Non, non à Israël. Nous ne tolèrerons pas que l'Irak devienne une colonie américaine», scandaient les manifestants.

Quelque 142 000 soldats américains se trouvent actuellement en Irak.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait décidé en décembre 2007 de reconduire pour «la dernière fois» le mandat de la force multinationale jusqu'au 31 décembre 2008.