La ministre israélienne des Affaires étrangères, Tzipi Livni, s'est montrée sceptique jeudi sur les chances de parvenir à un règlement avec les Palestiniens en 2008, avertissant qu'un accord incomplet risquait d'entraîner des violences.

«Il existe certaines attentes sur un aboutissement avant la fin de cette année», a déclaré Mme Livni, lors d'une rencontre avec la presse étrangère à Jérusalem.

«Je crois que le calendrier est important mais plus important encore est le contenu et la nature des accords auxquels nous pouvons parvenir avec les Palestiniens», a-t-elle cependant ajouté.

Israël et les Palestiniens avaient relancé leurs négociations de paix en novembre 2007 à Annapolis, aux États-Unis, avec l'objectif affiché de parvenir à un accord avant fin 2008.

Washington estime que cet objectif peut toujours être atteint en dépit de l'absence de percée dans les négociations, qui butent notamment sur la poursuite de la colonisation juive.

«Je pense que toute tentative de combler les fossés qui nous séparent de manière prématurée ou toute tentative de parvenir à un accord qui ne soit pas l'accord complet que nous souhaitons obtenir peut mener ... à des affrontements, (...) à des incompréhensions, (...) à la violence», a ajouté Mme Livni.

«Tant que tous les points ne font pas l'objet d'un accord, il n'y aura aucun accord», a remarqué la ministre, qui dirige l'équipe israélienne négociant avec les Palestiniens.

Mme Livni est candidate à la succession du premier ministre Ehud Olmert qui a prévu de démissionner après les primaires au sein de son parti centriste, le Kadima, prévus à la mi-septembre.

Mme Livni a estimé que même si un accord était conclu, il pourrait ne pas être appliqué tant que le Hamas contrôle la bande de Gaza, où le mouvement islamiste a pris le pouvoir en juin 2007 après avoir mis en déroute les forces de l'Autorité palestinienne du président Mahmoud Abbas.

«La question de savoir combien de temps (l'accord) pourrait rester en souffrance ne dépend pas de notre volonté mais de la situation sur le terrain» a-t-elle dit.

Elle a souligné que le Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël et les États-Unis, ne peut pas être associé aux négociations.

«Personne ne peut permettre l'existence d'un État terroriste (à nos côtés). C'est la raison pour laquelle nous négocions avec des responsables pragmatiques même s'ils ne contrôlent plus rien dans la bande de Gaza, qui est totalement sous la tutelle du Hamas. Et même en Cisjordanie, ils ne sont pas suffisamment forts», a déclaré Livni.

La ministre a insisté sur le fait qu'un accord de paix ne pouvait inclure le droit au retour en Israël des réfugiés palestiniens et de leurs descendants, soit quelque 4.6 millions de personnes selon les chiffres de l'ONU.

«Lorsque nous parlons de deux États pour deux peuples, l'idée est qu'Israël soit le foyer du peuple juif et que l'État Palestinien soit le foyer des Palestiniens», a-t-elle dit.

«En dehors de cette conception, il n'y a pas d'accord possible», a-t-elle ajouté. «Ce que les Palestiniens appellent le droit au retour n'est pas une option.»

Régissant à ces déclarations, le porte-parole du président Abbas, Nabil Abou Roudeina, a estimé que les mises en garde de Mme Livni sur les dangers d'un accord «prématuré» constituent «une tentative israélienne de se dérober à la conclusion d'un accord».

Rejetant les propos de Mme Livni sur les réfugiés, il a appelé Israël à «adopter une position responsable et à ne pas gaspiller le temps» qui reste pour la conclusion d'un accord.