Il était 14 h 45, heure de Madrid. Se trouvaient dans l'avion de la compagnie Spanair 162 passagers et 10 membres d'équipage. L'appareil était chargé de kérosène, prêt à parcourir les 2000 km qui le séparaient des îles Canaries.

L'avion ne s'est jamais rendu à destination.

Au total, 153 personnes sont mortes hier après-midi dans le plus grave accident d'avion survenu en Espagne au cours des 25 dernières années. L'appareil MD-82 s'est embrasé lors de son décollage pour rallier Las Palmas, dans l'archipel espagnol des Canaries. Seules 19 personnes ont survécu. Toutes souffrent de blessures.

Aucune source officielle n'a confirmé hier la cause de l'accident. Mais selon les premières informations, un des moteurs de l'avion aurait pris feu au décollage. L'appareil serait ensuite sorti de la piste, l'incendie se propageant à toute la carlingue. « L'avion ne ressemblait plus à un avion, on distinguait à peine la queue », a dit aux médias l'un des premiers secouristes sur place, Ervigio Corral.

Il est possible qu'il y ait eu des signes avant-coureurs. En effet, le vol avait plus d'une heure de retard en raison d'un problème technique, ont rapporté hier les médias espagnols. L'avion avait d'ailleurs fait demi-tour après une première tentative de décollage, a confirmé hier soir le ministère espagnol des Infrastructures.

L'appareil avait 15 ans et avait passé sa dernière révision à la fin de 2007, selon le Ministère. Spanair affirme qu'elle avait eu lieu en janvier dernier.

Spanair, filiale de la compagnie scandinave SAS, a publié en fin de soirée hier la liste des passagers sur son site internet, sans toutefois préciser leur nationalité. Quatre passagers étaient arrivés à Madrid en correspondance de l'Allemagne, et deux ressortissants suédois se trouvaient à bord.

Hier soir, le ministère des Affaires étrangères n'avait signalé la mort d'aucun Canadien. « Les employés de la section consulaire à notre ambassade à Madrid sont en contact avec les autorités locales afin de vérifier qu'aucun Canadien ne soit impliqué », a-t-on indiqué par communiqué.

Une morgue provisoire a été installée dans le centre des congrès de Madrid pour accueillir les corps carbonisés des victimes.

Commotion à l'aéroport

L'accident a créé une commotion à l'aéroport international de Madrid-Barajas, alors que la saison touristique bat son plein en Espagne. Une trentaine de vols ont subi des retards de plus de sept heures au décollage. Le terminal 4 était presque vide de touristes.

D'épaisses colonnes de fumée s'élevaient dans le ciel de l'aéroport, selon les images qui ont été diffusées en boucle sur CNN+.

Sur la piste, hélicoptères et camions de pompiers déversaient des tonnes d'eau sur l'appareil, qui a fini sa course dans un bois. Des dizaines d'ambulances évacuaient les morts et les blessés. Certains corps étaient trop brûlants pour être évacués par les sauveteurs.

Pendant ce temps, des dizaines de proches des passagers s'agglutinaient dans l'aéroport en quête d'informations. La confusion a régné toute la journée sur le bilan des victimes.

Peu après l'accident, la préfecture de Madrid a donné à l'AFP un bilan provisoire de 45 morts, tandis qu'un porte-parole du gestionnaire de l'aéroport, Aena, se contentait de dire que 34 blessés avaient été évacués. L'agence Europe Presse, citant des « sources officielles » non identifiées, parlait de 150 morts.

À cette confusion s'ajoutaient les témoignages diffusés à la télévision. Un membre des secours interrogé par CNN+ disait avoir vu des dizaines de corps. « Ils étaient carbonisés », a-t-il déclaré. Selon un autre secouriste cité sur le site de El Mundo, la carcasse de l'avion « était pleine de cadavres carbonisés ».

Visages fermés ou en larmes, les proches ont été pris en charge par des employés du gestionnaire aéroportuaire Aena. Des policiers empêchaient les journalistes, très nombreux dans le moderne terminal 4 de l'aéroport de Madrid-Barajas, de les approcher.

Certains, arrivés en début de soirée, étaient en larmes, ayant apparemment abandonné l'espoir de voir leurs proches figurer parmi la vingtaine de survivants, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Au début, tu es effondré, parce que tu sais seulement qu'il était dans l'avion, tu ne sais pas s'il va bien, s'il est parmi les cadavres, tu te sens impuissant », a déclaré aux médias Ricardo, dont le beau-frère figure dans la liste des survivants.

D'après l'AFP et AP.