La Cour pénale internationale (CPI) de La Haye s'est inquiétée auprès de la Colombie des peines réservées aux paramilitaires accusés de massacre, dans un courrier officiel dont l'AFP a obtenu copie samedi.

Dans une lettre adressée en juin dernier à l'ambassadeur colombien à La Haye, le procureur de la CPI, Luis Moreno, s'interroge notamment sur le cas des chefs paramilitaires qui ont été extradés aux États-Unis, où ils sont poursuivis pour trafic de drogue.

«Comment sera assuré le jugement des principaux responsables de crimes, qui pourraient relever de la compétence de la CPI», écrit M. Moreno, qui mentionne en outre le cas des dirigeants politiques suspectés de liens avec les paramilitaires.

Le procureur de la CPI rappelle que le dossier des paramilitaires colombiens «continue de faire l'objet d'un examen», n'excluant pas de lancer des poursuites.

Bogota a extradé vers les États-Unis treize chefs des Autodéfenses Unies de Colombie (AUC), des milices d'extrême-droite dont les 32 000 combattants ont rendu les armes à la suite d'un accord avec les autorités prévoyant des limitations de peine à 8 ans de prison en cas d'aveux, même pour des massacres.

Une soixantaine d'hommes politiques sont impliqués à divers degrés avec ces groupes paramilitaires, dont 32 actuels ou anciens membres du Congrès déjà emprisonnés.

Ces milices ont été constituées il y a trente ans par les grands propriétaires terriens et avec la bienveillance des autorités, pour défendre leurs propriétés des attaques des guérillas d'extrême-gauche des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et de l'Armée nationale de libération (ELN).