Acceptant avec «une profonde gratitude et une grande humilité» l'investiture démocrate dans un cadre spectaculaire – un stade à ciel ouvert situé à 1600 mètres d'altitude dans les Rocheuses et rempli par plus de 75 000 personnes –, Barack Obama a lancé hier soir à Denver sa campagne historique d'automne sur la promesse de «réparer la politique brisée de Washington» et de restaurer le prestige moral des États-Unis dans le monde.

«Amérique, nous pouvons faire mieux que ces huit dernières années. Nous sommes un meilleur pays que cela», a-t-il déclaré, avant de soutenir que l'élection de son adversaire républicain, John McCain, prolongerait d'au moins quatre années les politiques délétères de l'administration Bush.

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«Ce soir, je dis au peuple américain, aux démocrates, aux républicains et aux indépendants d'un bout à l'autre de ce grand pays : assez! Ce moment, cette élection, est notre chance de préserver, au XXIe siècle, la promesse américaine. Parce que la semaine prochaine, au Minnesota, le même parti qui vous a donné deux mandats de George Bush et Dick Cheney en demandera un troisième. Et nous sommes ici parce que nous aimons trop ce pays pour permettre que les quatre prochaines ressemblent aux huit dernières. Le 4 novembre, nous devons nous lever et dire : huit, ça suffit!» a ajouté M. Obama, soulevant un tonnerre d'applaudissements.

Un jour après avoir été choisi officiellement candidat démocrate à l'élection présidentielle, le sénateur de l'Illinois, âgé de 47 ans, s'est adressé à ses compatriotes d'une scène circulaire encadrée par des colonnes grecques. Son allocution coïncidait avec le 45e anniversaire du célèbre discours de Martin Luther King sur le thème «J'ai un rêve».

Né d'un père noir originaire du Kenya et d'une mère blanche du Kansas, Barack Obama a fait allusion au rêve du pasteur assassiné, le décrivant comme le champion de «la promesse américaine», titre de son discours.

Héritier de Roosevelt et de Kennedy

Le candidat a mentionné d'autres grands noms de l'histoire américaine, dont ceux de Franklin Roosevelt et de John Kennedy, histoire de rassurer les Américains sur sa capacité d'assumer les responsabilités de commandant en chef.

«Nous sommes le parti de Roosevelt. Nous sommes le parti de Kennedy. Alors, ne me dites pas que les démocrates ne peuvent pas défendre ce pays. Ne me dites pas que les démocrates ne peuvent pas assurer notre sécurité. La politique étrangère de Bush et McCain a dilapidé l'héritage que des générations d'Américains, démocrates et républicains, ont bâti; et nous devons restaurer cet héritage.

«En tant que commandant en chef, je n'hésiterai pas à défendre cette nation, mais je n'exposerai pas nos troupes au danger sans une mission claire et un engagement solennel de leur fournir l'équipement dont ils ont besoin et les bénéfices qu'ils méritent à leur retour à la maison.

«Je mettrai fin à la guerre en Irak de façon responsable, et je terminerai la lutte contre Al-Qaeda et les talibans en Afghanistan», a-t-il déclaré.

M. Obama a également défendu son patriotisme, faisant allusion au slogan de John McCain, qui promet de «mettre les intérêts du pays en premier». «J'ai des nouvelles pour vous, John McCain, nous mettons tous les intérêts du pays en premier», a-t-il lancé.

Il a également critiqué la campagne menée par son adversaire républicain. «Si nous n'avez pas d'idées nouvelles, alors vous utilisez des tactiques éculées pour faire peur aux électeurs. Si vous n'avez pas une feuille de route dont vous puissiez être fier, vous décrivez votre adversaire comme quelqu'un que les gens doivent fuir.»

Barack Obama a consacré une partie importante de son discours à définir de façon concrète son programme domestique. Il a notamment promis des réductions d'impôts à la classe moyenne. Il s'est également engagé à mettre fin «à notre dépendance au pétrole du Moyen-Orient en 10 ans».

Le discours de Barack Obama a mis fin à une convention qui aura permis aux démocrates de refaire leur unité avant l'étape finale de la longue campagne présidentielle. Le sénateur devra une fière chandelle aux Clinton, Hillary et Bill, qui ont prononcé des discours rassembleurs mardi et mercredi soir. Le candidat démocrate a exprimé sa gratitude envers l'ancien président en vantant sa gestion de l'économie, et ce pour la toute première fois depuis le début de sa campagne présidentielle.