Condamné à 12 ans de prison pour terrorisme hier à Londres, Aabid Khan possédait un vaste réseau de contacts allant du Canada au Pakistan. Ses «connaissances» torontoises attendent toujours leur procès.

Décrit comme «prédateur» par une procureure de la Couronne britannique, Aabid Khan a été condamné hier à 12 ans de prison à Londres pour ses activités terroristes. Il faisait partie d'un réseau informel dont les tentacules s'étendaient de Toronto au Pakistan et de l'Angleterre aux États-Unis, en passant par le Danemark et la Bosnie.

Selon la police britannique, Aabid Khan, 23 ans, était le contact parfait pour les aspirants terroristes qui souhaitaient apprendre à fabriquer des bombes, produire du poison ou s'entraîner dans des camps au Pakistan. «Il se comportait comme un prédateur auprès des jeunes vulnérables et il les transformait en recrues pour sa cause, utilisant des «chambres de discussion» dans l'Internet pour les appâter, puis les inciter à se battre», a assuré Karen Jones procureure de la Couronne lors du procès.

Marié à une Canadienne, Khan avait notamment recruté un de ses coaccusés, Hammaad Munshi, alors qu'il n'avait que 15 ans. Ce dernier est devenu lundi la plus jeune personne à être reconnue coupable de terrorisme en Grande-Bretagne. Il avait été arrêté en 2006 alors qu'il rentrait de l'école. Il devrait connaître sa sentence en septembre. Quant à l'autre complice d'Aabid Khan, Sultan Muhammad, il a été condamné à 10 ans de prison hier.

Khan et ses coaccusés ont été reconnus coupables de possession de nombreux articles faisant la promotion du terrorisme ainsi que de guides pour fabriquer des bombes et du poison. Khan possédait aussi des fiches comprenant les adresses de membres de la famille royale, a-t-on appris au cours du procès.

«Bien que ces hommes n'aient pas été en train de planifier activement des actes de terrorisme eux-mêmes, ils cherchaient à en inciter d'autres () en faisant la promotion de l'idéologie d'Al-Qaeda et de programmes d'entraînement», a soutenu John Parkinson, chef de l'unité antiterroriste de Leeds.

Son arrestation était survenue en 2006 à l'aéroport de Manchester à son retour du Pakistan, quelques jours à peine après l'arrestation de présumés terroristes au Canada. Selon les forces de sécurité, ces hommes et d'autres établis au Danemark, en Bosnie et aux États-Unis, étaient tous plus ou moins liés. Lors du procès, la Couronne britannique a précisé que Khan avait voyagé au Canada en 2005 pour épouser une Canadienne partageant ses vues extrémistes. Cette dernière ferait partie - par alliance - de la famille du leader présumé d'une cellule torontoise. La police canadienne croit que cette cellule voulait faire exploser des camions dans le centre-ville de Toronto. Onze hommes sont en attente de leur procès relativement à ce présumé complot.

Signe des temps, c'est la découverte d'un ordinateur en Bosnie en 2005 qui a permis d'arrêter Khan en Grande-Bretagne et certaines de ses «connaissances» torontoises, ainsi que plusieurs personnes aux États-Unis et au Danemark. Plusieurs des personnes arrêtées entretenaient des liens par le biais de sites Internet extrémistes. Khan y était connu sous le pseudonyme d'Ocean Blue.