Les territoires séparatistes géorgiens d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud ont demandé mercredi à Moscou de reconnaître leur indépendance, alors que le lent retrait des troupes russes de Géorgie était jugé trop peu «significatif» par Washington.

Sur le terrain, aucun retrait massif des forces russes, mais des mouvements de convois en direction du nord, étaient visibles en Géorgie dans la journée.

Un porte-parole de la Maison-Blanche, Gordon Johndroe, a déclaré que les États-Unis commençaient à «voir les premiers signes d'un certain retrait», mais l'a jugé «pas significatif» et a souligné qu'il devait «être accéléré».

Le secrétaire du Conseil de sécurité géorgien, Alexandre Lomaïa, a pour sa part accusé la Russie de créer une «illusion» de retrait, affirmant que les forces russes déployées dans la ville géorgienne stratégique de Gori «retiraient quelques chars dans la journée, mais revenaient dans la nuit».

Le Parlement abkhaze a voté à l'unanimité une résolution demandant à Moscou la «reconnaissance de l'indépendance» de l'Abkhazie et le «maintien de la présence militaire» russe, et le président de l'Ossétie du Sud, Edouard Kokoïty, a indiqué qu'il présenterait une requête similaire dans les prochains jours.

Le Conseil de la Fédération, chambre haute du Parlement russe, a annoncé qu'il se réunirait le 25 août pour examiner cette question.

Le président de la chambre, Sergueï Mironov, a indiqué que ses collègues étaient «prêts à reconnaître» l'indépendance des deux territoires, après accord préalable du président russe Dmitri Medvedev. Ce dernier avait déclaré vendredi que Moscou reconnaîtrait et «garantirait» sur la scène internationale «toute décision» des Abkhazes et Ossètes sur le statut de leur territoire.

«La Géorgie n'acceptera jamais» l'indépendance de ses régions séparatistes, a déclaré à l'AFP le ministre géorgien de la «Réintégration» Temour Iakobachvili.

Une reconnaissance serait «une tentative de légaliser les résultats de nettoyages ethniques et entraînera l'isolement» de la Russie, a-t-il dit.

Le président américain George W. Bush a répété mercredi que les deux territoires séparatistes «font partie de la Géorgie» et a indiqué que les États-Unis allaient «travailler avec leurs alliés afin de s'assurer de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de la Géorgie».

De son côté, le président de l'Ossétie du Sud, Edouard Kokoïty, a annoncé la levée de l'état d'urgence instauré dimanche dans le territoire séparatiste.

Les habitants de la capitale ossète, Tskhinvali, sont appelés à se rassembler jeudi en début d'après-midi pour dire «oui à l'indépendance», selon un message diffusé mercredi dans la ville.

La tentative lancée le 7 août par le président géorgien Mikheïl Saakachvili de reprendre le contrôle de cette république séparatiste a provoqué une riposte violente de la Russie qui a déployé ses troupes en profondeur en territoire géorgien pour «contraindre la Géorgie à la paix».

Le chef adjoint d'état-major de l'armée russe, Anatoli Nogovitsyne, a accusé mercredi la Géorgie de chercher à regrouper ses forces et de n'avoir «pas l'intention de renoncer à ses intentions agressives» à l'égard des territoires séparatistes.

Des forces russes portant l'emblème «Forces de paix» ont par ailleurs pris position mercredi près de Poti, dans l'ouest de la Géorgie, près de deux ponts qu'ils ont affirmé devoir protéger «un certain temps», apparemment là aussi dans le cadre d'une «zone tampon», a rapporté un journaliste de l'AFP.

Le président russe avait assuré dans un appel téléphonique à son homologue français Nicolas Sarkozy que le retrait «serait achevé les 21 et 22 août», selon Paris.

La secrétaire d'État américaine Condoleezza Rice a, elle, estimé mercredi à Varsovie qu'il n'y avait pas de nouvelle guerre froide entre la Russie et l'Occident, malgré la crise géorgienne.

«C'est une période difficile mais je pense que nous ne devons pas exagérer l'ampleur des difficultés», a-t-elle ajouté.

Son homologue russe Sergueï Lavrov s'est montré moins optimiste en avertissant que les États-Unis devraient choisir entre leur soutien à la Géorgie et leur coopération avec la Russie, dans un texte publié mercredi par le quotidien américain Wall Street Journal.

L'OTAN avait adopté mardi à Bruxelles une déclaration commune condamnant la Russie.

Moscou, qui a aussitôt dénoncé cette prise de position, a décidé de geler jusqu'à nouvel ordre sa coopération militaire avec l'OTAN, a annoncé mercredi le ministère norvégien de la Défense en se référant à des contacts diplomatiques russo-norvégiens.

La Russie a aussi fait circuler mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution sur la Géorgie, a annoncé l'ambassadeur de Belgique Jan Grauls, président du Conseil en août.

La Turquie a approuvé le passage par la mer Noire de deux navires de guerre américains transportant du matériel humanitaire destiné à la Géorgie, a annoncé mercredi le département d'État.