La Russie a rejeté mardi au Conseil de sécurité de l'ONU un nouveau projet de résolution sur la Géorgie présenté par la France, au motif qu'il ne mentionne pas spécifiquement les six points de l'accord de paix accepté par Tbilissi et Moscou.

«La Fédération de Russie ne sera pas en mesure de soutenir le projet de résolution soumis par la France aujourd'hui», a déclaré en séance l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitaly Tchourkine.

Il a expliqué qu'aux yeux de Moscou, la mention explicite dans le texte des six points de l'accord de paix négocié par le président français Nicolas Sarkozy était indispensable.

Or le projet ne mentionne que deux de ces points, concernant le repli des forces russes et géorgiennes sur leurs positions respectives d'avant le déclenchement du conflit le 7 août.

M. Tchourkine n'a pas dit s'il mettrait son veto au texte en cas de vote, tout en avertissant qu'une mise au vote serait «une perte de temps».

Qualifiant le nouveau projet de «très étrange», l'ambassadeur russe a également critiqué comme étant contraire à l'esprit de l'accord de paix le fait qu'il exigeait le retrait «immédiat» des forces russes.

Selon M. Tchourkine, l'accord prévoit d'abord «le retrait des troupes géorgiennes dans leurs cantonnements, puis le retrait progressif des troupes russes du territoire géorgien, accompagné de la prise par celles-ci de mesures de sécurité additionnelles» en Ossétie du Sud en attendant la mise en place d'un mécanisme international.

Le texte français «tend à inverser cette séquence» et «trahit le plan en six points», a-t-il affirmé.

M. Tchourkine a également reproché aux Français d'avoir ajouté dans le texte «un élément très politique concernant le respect de l'intégrité territoriale de la Géorgie», ce dont Moscou ne veut pas, estimant qu'on devrait «gérer la réalité sur le terrain».

Moscou affirme qu'à l'occasion du conflit, les territoires séparatistes d'Ossétie du Sud et d'Abkhazie ont indiqué clairement leur refus de continuer à faire partie de la Géorgie.

Le nouveau projet de résolution, très court, exige «le respect complet et immédiat de l'accord de cessez-le-feu auquel les parties ont souscrit», ainsi que «le retrait immédiat des forces russes derrière les lignes qu'elles tenaient avant le déclenchement des hostilités et le retour des forces géorgiennes à leurs cantonnements habituels».

Il réaffirme «l'attachement des États membres à la souveraineté, l'indépendance et l'intégrité territoriale de la Géorgie à l'intérieur de ses frontières reconnues internationalement».

Ce texte a été déposé par la France, «au nom des pays européens et avec l'appui des États-Unis», selon un diplomate occidental.

Le plan de paix prévoit également que les parties russe et géorgienne s'engagent à ne pas «recourir à la force», à «cesser les hostilités de façon définitive» et à assurer un «accès libre à l'aide humanitaire».

Enfin, des négociations internationales doivent s'ouvrir sur des arrangements de sécurité dans les deux républiques séparatistes géorgiennes pro-russes, qui ont proclamé unilatéralement leur indépendance au lendemain de la chute de l'URSS.

«Les engagements doivent être respectés et mis en oeuvre et c'est ce dont nous allons parler, a déclaré l'ambassadeur de France adjoint, Jean-Pierre Lacroix. Se référant à l'opposition russe, M. Lacroix a ajouté: «Nous allons évidemment voir ce qui va se passer dans les jours à venir (...) Il est temps que la Russie retire ses troupes.»

«Compte tenu de la poursuite de l'offensive militaire de la Russie et de ses manoeuvres diplomatiques dilatoires, nous soutenons le projet de résolution de la délégation française», a déclaré l'ambassadeur américain adjoint Alejandro Wolff.