Un attentat suicide contre une école de gendarmerie des Issers, à l'est d'Alger, a fait mardi 43 morts et 45 blessés, le bilan le plus meurtrier des attaques perpétrées ces huit derniers mois en Algérie et attribuées aux islamistes.

Selon le dernier bilan provisoire, alourdi, du ministère de l'Intérieur, 42 civils et un gendarme ont été tués, tandis que 32 civils et 13 gendarmes ont été blessés lors de cet attentat qui n'avait pas été revendiqué mardi en fin d'après-midi.

Selon des témoins joints par l'AFP, un kamikaze a dirigé sa voiture chargée d'explosifs contre la porte d'entrée principale du bâtiment, où des candidats universitaires attendaient l'appel pour participer à un concours d'entrée à cette école de formation de gendarmes des Issers, à une soixantaine de kilomètres d'Alger.

La façade de l'école soufflée, des arbres arrachés, les vitres volées en éclats de magasins, les décombres de maisons effondrées, témoignaient de la puissance de l'explosion, qui a été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde et qui a creusé un cratère de plusieurs mètres de diamètre, selon des témoins.

Le bilan de cette attaque est plus lourd que celui du double attentat suicide perpétré le 11 décembre à Alger contre le siège du Conseil constitutionnel et deux bâtiments de l'ONU qui avait fait 41 morts et avait revendiqué par la Branche d'Al-Qaeda au Maghreb islamique (Baqmi, ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat - GSPC), une branche de la nébuleuse terroriste d'Oussama ben Laden.

Le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, s'est rendu en hélicoptère sur les lieux où les corps déchiquetés de plusieurs jeunes candidats gendarmes étaient ramassés rapidement et enveloppés dans des couvertures avant d'être placés dans des ambulances. «C'est un acte commis contre les Algériens», a déclaré M. Zerhouni à la presse.

Quelques heures après l'attentat, le fondateur et ancien chef du GSPC, Hassan Hattab, a de son côté appelé les islamistes du maquis et ceux qui seraient tentés de les y rejoindre à «renoncer à la lutte armée et rendre les armes».

Cet attentat survient après une embuscade tendue dimanche par des groupes armés islamistes contre un convoi des forces de l'ordre à Skikda (est) à l'issue de laquelle huit policiers, trois militaires, un civil et quatre islamistes ont été tués, selon les journaux Le Quotidien d'Oran, Liberté et L'Expression. Une dizaine de membres des forces de l'ordre ont également été blessés selon la presse.

Jeudi, le commandant du secteur militaire de la région, le colonel Abdelkader Yamani, avait été tué dans une embuscade dans la même zone montagneuse surplombant la ville de Skikda, à 350 km à l'est d'Alger.

Douze islamistes avaient été tués dans une embuscade tendue par les forces de sécurité près de Beni Douala, en Kabylie (110 km à l'est d'Alger), dans la nuit au 7 au 8 août, en réponse à une attaque islamiste contre le commissariat des renseignements généraux à Tizi Ouzou qui avait fait le 3 août 25 blessés.

Cette recrudescence des attentats islamistes est attribuée par la presse algérienne et des experts de la lutte contre le terrorisme à la volonté des «émirs» (chefs islamistes) d'étendre leurs activités au-delà d'un «quadrilatère de la mort» formé par Alger, Boumerdes, Bouira et Tizi Ouzou (est), afin de desserrer l'étau de l'armée sur leurs groupes retranchés en Kabylie.

La présidence française du Conseil de l'Union européenne (UE) a «très fermement» condamné les derniers attentats en Algérie et réaffirmé son soutien aux autorités algériennes «dans leur lutte contre le terrorisme».

De même que Rome, Berlin et Madrid, le président français Nicolas Sarkozy a condamné «avec la plus grande vigueur» ces attaques parlant de «violences barbares et aveugles».