Le Japon a laissé entendre mardi qu'il donnerait son feu vert à un accord sur le nucléaire civil entre l'Inde et les États-Unis, levant un obstacle à l'adoption de ce texte controversé.

Le Groupe des fournisseurs nucléaires (NSG), qui rassemble les 45 pays fournisseurs d'équipements et de technologies nucléaires, doit se pencher jeudi à Vienne sur le projet d'accord américano-indien. Chaque pays y dispose d'un droit de veto.

Seul pays à avoir subi une frappe nucléaire, en 1945, à Hiroshima, puis à Nagasaki, le Japon avait jusqu'à présent réservé sa réponse.

Mais le porte-parole du gouvernement japonais, Nobutaka Machimura, a déclaré qu'«il ne serait pas juste de considérer que cet accord va à l'encontre des efforts de non-prolifération», mardi lors d'une conférence de presse.

Le Japon pourrait ainsi laisser de côté ses désaccords avec la politique nucléaire de New Delhi.

Tokyo demande depuis des années à l'Inde de signer le Traité de non-prolifération (TNP), un texte dans lequel ses signataires s'engagent à ne pas se doter de l'arme nucléaire (en dehors des cinq puissances nucléaires reconnues: États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France).

L'Inde, qui a procédé à son premier essai nucléaire en 1974, a développé son propre arsenal.

M. Machimura a souligné que «les émissions de CO2 des pays émergents comme la Chine et l'Inde (devenaient) un problème» avec le réchauffement climatique.

«Il est important que l'Inde développe le nucléaire comme source d'énergie propre», a-t-il estimé.

L'accord nucléaire américano-indien lèverait l'interdiction faite aux compagnies américaines de coopérer avec l'Inde en raison de son refus de signer le TNP.

Au-delà, il permettrait à l'Inde de se fournir sur le marché mondial en matériel et technologies nucléaires, si elle acceptait de séparer ses programmes nucléaires militaire et civil et de placer sous le contrôle international 14 de ses 22 réacteurs nucléaires.

Le président du collectif d'Hiroshima des organisations de victimes de la bombe A, Sunao Tsuboi, a déploré les propos de M. Machimura, estimant que le Japon, «qui a subi des attaques nucléaires, devrait bloquer l'accord».

«Ce serait dommage que le Japon se contente de suivre la politique américaine sans se soucier de ce qui est juste», a-t-il déclaré à l'AFP. Selon lui, «l'Inde doit d'abord rejoindre le TNP si elle veut pouvoir utiliser l'énergie nucléaire civile».

Le principal syndicat japonais, Rengo, a demandé au ministre des Affaires étrangères de s'opposer à l'accord américano-indien.

Ce pacte constitue la pierre angulaire du rapprochement diplomatique entre les États-Unis, principal allié du Japon, et la puissance émergente indienne.

En visite à Tokyo en avril, le président de la société publique gérant le nucléaire civil indien avait plaidé pour une coopération avec le Japon dans ce domaine.

«Un accord serait bénéfique aux deux pays et à la lutte contre le réchauffement climatique», avait estimé S.K. Jain, président de Nuclear Power Corporation of India (NPCIL).