Le choix de la gouverneure de l'Alaska Sarah Palin comme colistière montre la détermination du candidat républicain John McCain à doper la production nationale d'hydrocarbures - thème populaire au sein de l'électorat - quitte à mettre à mal les zones protégées du grand Nord.

«Qu'apporte le choix du sénateur John McCain (...) au ticket républicain? Un penchant encore plus fort que celui de John McCain pour plus d'exploration pétrolière et gazière», a commenté Keith Johnson, le spécialiste des questions d'environnement au quotidien d'affaires Wall Street Journal.

Mme Palin est une fervente supportrice du forage en mer, une idée portée par les républicains, et largement soutenue par les Américains, fortement touchés par la flambée des prix de l'essence.

Alors que les prix de l'essence atteignaient des sommets aux États-Unis, le candidat républicain s'était prononcé en juin pour la fin du moratoire fédéral qui empêche l'exploration offshore.

Il a été rejoint par le président George W. Bush, qui a levé l'interdiction, mais le Congrès, à majorité démocrate, a refusé de donner son aval.

De son côté, le candidat démocrate Barack Obama, opposé initialement à cette idée, s'y est finalement dit «ouvert» début août.

«Evidemment, une telle décision ne va pas changer à court terme le rapport entre l'offre et la demande», a relevé James Williams, de WRTG Energy, pour expliquer le manque de réaction du marché à la désignation de Mme Palin.

«Mais la psychologie a beaucoup d'importance dans le comportement des marchés: si le marché pense que les États-Unis vont forer au large de leurs côtes, et peut-être en Alaska, où le potentiel est énorme, cela pourrait avoir des conséquences sur l'évolution du marché», a poursuivi l'analyste.

Cette perspective pourrait pousser l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) à laisser grand ouvert le robinet d'or noir, pour dissuader Washington d'augmenter sa production et garder leur pouvoir sur le marché, ont noté les analystes.

Selon le Département américain à l'Énergie, les États-Unis produisent environ 5 millions de barils de pétrole brut par jour, soit un quart de leur consommation de produits pétroliers.

En encourageant les forages en mer, ce chiffre pourrait progresser de 20%, a estimé M. Williams.

«Sarah Palin est l'un des gouverneurs les plus 'anti-environnement' aux États-Unis», s'insurge Glenn Hurowitv, de Greenpeace.

Ce qui inquiète particulièrement les écologistes, ce sont les prises de position de Mme Palin en faveur du forage de pétrole dans la réserve naturelle de l'Alaska, l'ANWR (Arctic national wildlife refuge), qui s'étend sur près de 80m 000 km2.

Cette mesure, réclamée de longue date par les républicains, a toujours été repoussée par le Congrès. M. McCain, qui s'y opposait, a récemment déclaré qu'il examinerait la question.

«Nous avons besoin de forer, forer, et encore forer. Je ne crois pas que notre politique énergétique puisse comporter un volet national si on ne laisse pas les habitants d'Alaska forer leurs propres terres», a plaidé Mme Palin, interrogée sur CNBC.

Selon M. Williams, l'exploitation de cette zone, où la faune et la flore sont très riches, permettrait de pomper autour d'un million de barils de brut par jour.

Cela mettrait aussi un terme au déclin de la production d'or noir de l'Alaska, qui, à 720 000 barils par jour en 2007, est près de trois fois inférieure à son niveau d'il y a 20 ans.

«Peu importe où l'industrie pétrolière veut forer, Sarah Palin l'aide», a estimé M. Hurowitv. Et «elle aura en John McCain une oreille bienveillante», a-t-il ajouté.