Au moins 25 fidèles chiites ont péri ces dernières 24 heures dans des attentats qui ont fait des dizaines de blessés sur la route de Kerbala, une ville sainte chiite qui doit célébrer dimanche l'anniversaire de la naissance de Mahdi, le dernier imam.

Vingt-deux personnes sont mortes jeudi soir dans un double attentat suicide perpétré par deux femmes kamikazes à Iskandariyah, à 50 km au sud de Bagdad, selon un nouveau bilan fourni à l'AFP par le chef du département Santé de la province de Babylone, Mahmoud Abdel-Reza.

Deux femmes avaient actionné leurs ceintures d'explosifs à cinq minutes d'intervalle alors qu'elles se trouvaient à 50 mètres l'une de l'autre, avait indiqué à l'AFP le lieutenant Kazem al-Khafaji de la police de la province de Babylone.

73 personnes ont également été blessées dans cette mission suicide. Le bilan précédent s'élevait à 19 morts.

L'armée américaine a fait état de son côté d'une seule kamikaze.

Vendredi, le chef de la police de la province de Babylone, le général Fadel Reza, ne s'est pas prononcé sur le nombre de femmes kamikazes mais a affirmé qu'il y avait eu deux bombes.

«Nous n'avons pas assez de femmes policiers pour fouiller les pèlerins», a regretté le général Reza.

«Il y a un manque de crédit pour ce travail. Le jour, c'est encore possible de repérer (des kamikazes, ndlr), mais avec la nuit, c'est plus difficile. À cause du Khimar (voile couvrant entièrement le visage), on ne peut même pas savoir parfois si ce sont des hommes ou des femmes», a-t-il déploré.

Malgré l'impressionnant dispositif de sécurité mis en place, un nouvel attentat, vendredi matin a tué un pèlerin et en a blessé dix autres, dans le sud-est de Bagdad au passage d'un bus transportant des dizaines de pèlerins.

À Kerbala (110 km au sud de Bagdad), la police et l'armée irakiennes sont prêtes à accueillir les pèlerins qui affluent d'Irak, d'Iran et de plusieurs pays musulmans d'Asie.

40 000 soldats et policiers sont mobilisés, dont 2000 femmes ayant pour mission de fouiller les éventuelles candidates à une mission suicide au milieu de la foule des chiites venus célébrer l'un des imams les plus vénérés du chiisme.

Des avions irakiens survolent Kerbala, alors que des appareils américains surveillent les environs de la ville sainte, notamment l'ouest désertique de Kerbala d'où les insurgés sunnites ont coutume de tirer au mortier ou de lancer des roquettes.

Iskandariyah, qui faisait partie du tristement célèbre «triangle de la mort», a longtemps connu des attentats suicide perpétrés notamment par le réseau d'Al-Qaeda contre la population chiite.

Les pèlerins chiites en route pour les villes saintes de Najaf et Kerbala ont souvent été pris pour cible lors de ces missions suicide.

À Iskandariyah, soldats, femmes policiers, commandos de police ont été largement déployés et les barrages ont été renforcés, a constaté un journaliste de l'AFP.

Jeudi matin, deux premiers attentats avaient déjà visé des pèlerins quittant Bagdad. Un pèlerin a ainsi été tué et sept blessés par une bombe à Karrada, un quartier commerçant de la capitale, alors qu'ils commençaient leur marche.

En outre, à Zafraniya, dans le sud de Bagdad, un policier a été tué par un engin explosif. Il était en faction près d'un barrage et chargé de fouiller la foule se rendant dans le sud. Cinq de ses collègues ont été blessés dans l'attentat.

Plusieurs dizaines de milliers de chiites sont attendus à Kerbala pour vénérer Mohammed al-Mahdi, né en 869 à Samarra (Irak). Il est le dernier imam pour les chiites duodécimains et succéda à son père Hassan al-Askari en 874.

Selon la croyance chiite, il n'est pas mort mais restera caché jusqu'au jugement dernier avant de revenir sous les traits du Mahdi.