Après avoir enflammé une partie de l'électorat démocrate en promettant un changement à Washington, Barack Obama a choisi un vétéran de la capitale nationale, le sénateur du Delaware Joseph Biden, pour l'aider à conquérir la Maison-Blanche.

Âgé de 65 ans, le candidat démocrate à la vice-présidence comble au moins une des lacunes du sénateur de l'Illinois. Président de la commission sénatoriale des Affaires étrangères, il a une longue expérience des relations internationales. Mais l'histoire de sa vie - celle d'un catholique d'origine irlandaise, né dans une famille ouvrière de Scranton, en Pennsylvanie - pourrait également servir la cause du candidat démocrate à la présidence.

«Joe Biden est un alliage rare», a déclaré Barack Obama en présentant son colistier sous un chaud soleil de Springfield, capitale de l'Illinois, où il avait annoncé sa candidature à la Maison-Blanche par une journée glaciale de janvier 2007.

«Pendant des décennies, il a changé Washington mais Washington ne l'a jamais changé. Il est un expert en affaires étrangères dont le coeur et les valeurs sont profondément ancrées dans la classe moyenne. Il est un partenaire parfait pour travailler à remettre le pays sur les rails», a-t-il ajouté.

Il devait plus tard commettre un lapsus en demandant à la foule de 35 000 personnes d'accueillir «le futur président... le futur vice-président des États-Unis».

Vêtus d'une chemise blanche et d'une cravate de couleurs différentes - rouge et bleue -, les deux hommes formant le «ticket» démocrate sont apparus pour la première fois ensemble au rythme de la chanson The Rising de Bruce Springsteen, chantre des cols bleus américains.

Reconnu pour son franc-parler, le sénateur Biden a lui-même commis une gaffe verbale lors de son discours, faisant allusion à «Barack America», un nom qui ne nuirait sans doute pas au sénateur de l'Illinois. La foule a réagi en se mettant à scander le patronyme du candidat présidentiel: «Obama! Obama!»

«Je suis fier de me tenir aux côtés du prochain président des États-Unis», a déclaré Joe Biden. «Nous venons de différents endroits, mais nous partageons une histoire commune, une histoire américaine. Ma mère et mon père m'ont élevé en me disant, mon père le répétait: «Peu importe le nombre de chutes, l'important, c'est la vitesse à laquelle on se relève.»«

«Mesdames et messieurs, c'est votre histoire, c'est l'histoire de l'Amérique. C'est une histoire de volonté. C'est l'Amérique dans laquelle Barack Obama et moi-même croyons. C'est le rêve américain.»

Barack Obama a annoncé le choix de Joe Biden par le biais d'un message que ses supporteurs ont reçu à 3h du matin sur leurs téléphones portables. Le texto mettait fin officiellement au suspense et aux rumeurs entourant la sélection du colistier démocrate. Quelques heures plus tôt, le sénateur de l'Illinois avait informé les principaux concurrents de Joseph Biden - les sénateurs Hillary Clinton et Evan Bayh, ainsi que les gouverneurs Tim Kaine et Kathleen Sebelius - qu'ils n'allaient pas être choisis.

Hillary Clinton a salué en Joe Biden «un dirigeant exceptionnellement fort et expérimenté et un fonctionnaire dévoué».

Dès 6h du matin, l'équipe de John McCain a diffusé une publicité mettant en vedette un Joseph Biden critique à l'égard de Barack Obama et élogieux à l'endroit de son collègue républicain de l'Arizona.

«Il n'y a personne de plus critique du manque d'expérience de Barack Obama que Joe Biden», a déclaré un porte-parole du camp McCain par la voie d'un communiqué.

Le sénateur du Delaware n'a pas moins épinglé le prétendant républicain à plusieurs reprises au cours de son discours d'hier, se disant notamment «déçu par mon ami John McCain, qui a plié devant l'aile droite de son parti».

«Vous ne pouvez pas changer l'Amérique quand vous avez appuyé les politiques de Bush 95% du temps», a-t-il déclaré.

Et d'ajouter: «L'époque demande plus qu'un bon soldat. Elle demande un leader sage.»

Barack Obama et Joseph Biden se retrouveront à Denver, où la convention démocrate se déroulera, de demain à jeudi.