Les combats se sont apaisés hier en Géorgie, mais la crise humaine ne fait que commencer, constate David Womble, directeur local de Vision Mondiale, joint à Tbilissi hier.

Les personnes chassées par les affrontements ne cessent d'affluer dans la capitale géorgienne. Hier matin, elles se retrouvaient dans une vingtaine de points de rassemblement. En fin de journée, il y en avait plus de 50.

"Depuis que les gens peuvent à nouveau circuler, ils arrivent par centaines à Tbilissi", a noté David Womble. La plupart des déplacés viennent d'Ossétie-du-Sud, la région séparatiste où la guerre a explosé la semaine dernière, ou de Gori, la ville géorgienne lourdement bombardée par l'armée russe au cours des derniers jours.

Les cinq jours de conflit ont forcé environ 100 000 personnes à fuir leur foyer, estiment les organisations humanitaires. Au moins 10 000 d'entre elles sont déjà arrivées dans la capitale géorgienne, où elles sont dirigées vers des abris installés à la hâte dans des écoles ou des garderies.

Ces réfugiés intérieurs sont tous en état de choc, constate David Womble. Plusieurs ont tout perdu et n'ont aucun contact avec les proches qu'ils ont laissés derrière eux. "Il y a deux jours, nous avons reçu deux fillettes de 8 ou 9 ans, elles avaient réussi à fuir leur village, mais n'avaient pas la moindre idée de l'endroit où se trouvaient leurs parents", raconte M. Womble.

Les récits des rescapés témoignent de l'intensité de ces quelques jours de guerre. "Les gens nous racontent que la ville de Tskhinvali (capitale de l'Ossétie-du-Sud) a été complètement rasée lors des combats", dit le responsable de Vision Mondiale. Selon d'autres témoignages, Gori n'est plus qu'une ville fantôme, la vaste majorité de ses 60 000 habitants ayant fui les bombes.

Aide humanitaire du Canada

Selon M. Womble, tous ces récits convergent vers un même constat, que "les opérations militaires ont été dévastatrices".

Les premiers secours internationaux ont commencé à arriver dans la capitale géorgienne hier. Un avion d'aide du Haut-Commissariat aux réfugiés, transportant des jerrycans, des couvertures et des tentes est arrivé hier à Tbilissi. Un deuxième avion devait décoller aujourd'hui de Copenhague. Ces deux vols acheminent au total 70 tonnes d'aide à destination de 30 000 personnes. De son côté le Canada a annoncé une aide humanitaire d'environ un million de dollars pour les personnes affectées par les combats.

Les déplacés ont besoin de tout, souligne M. Womble: abris, couvertures, nourriture, moyens de transport. Mais au-delà des séquelles matérielles, souligne-t-il, le pays sort de ces cinq jours de confrontation avec une grosse gueule de bois: "Il faudra du temps avant de prendre la mesure de l'impact économique, politique et psychologique de cette guerre."