Devenu jeudi soir le candidat démocrate à la présidentielle américaine, Barack Obama a 66 jours pour convaincre. Malgré d'ambitieux projets en matière d'économie, de politique étrangère, de santé et d'éducation, il risque d'être confronté à la dure réalité, notamment financière.

Le prochain locataire de la Maison-Blanche héritera d'un déficit budgétaire de 500 milliards de dollars, qui va sérieusement entraver les nouveaux programmes de dépenses, mais il devra aussi faire face aux derniers soubresauts de la guerre en Irak et aux défis grandissants dans le domaine de l'énergie et de la santé.

Sur le plan économique, Obama s'est engagé à lancer une politique dynamique incluant des réductions d'impôts, une aide aux différents États et des dépenses conséquentes pour les infrastructures. Il a promis de «se pencher sur le budget fédéral, ligne après ligne, pour éliminer les programmes qui ne marchent plus et faire en sorte que ceux qui sont utiles fonctionnent mieux et coûtent moins». Le problème: ces projets de dépenses et de baisses d'impôt pour les classes moyennes vont être confrontés à l'explosion des déficits.

Dans le domaine énergétique, Obama a promis une déduction d'impôt de 1000 dollars par couple pour compenser la hausse du coût de l'énergie. Il s'est aussi engagé à faire sortir 70 millions de barils de la Réserve stratégique de pétrole et à investir 15 milliards de dollars par an pendant une décennie pour développer les énergies renouvelables, les technologies propres et les voitures électriques. «En dix ans, nous mettrons un terme à notre dépendance vis-à-vis du pétrole du Moyen-Orient», a-t-il affirmé.

Mais le prochain président devra faire face dès sa prise de fonction à une première crise: le coût du chauffage atteindra probablement un niveau record. Et la promesse de déduction d'impôt du candidat démocrate repose sur la création d'une taxe sur le profit des grandes compagnies pétrolières, qui pourrait prendre des mois et n'est pas garantie d'être adoptée par le Congrès.

En politique étrangère, Obama affirme qu'il veut redorer l'image des États-Unis à l'étranger et regagner le poids et l'influence gaspillés, selon lui, par George W. Bush. Il a déclaré vouloir renforcer la pression internationale sur l'Iran, relancer les efforts américains à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, et repartir du bon pied dans le processus de paix au Proche-Orient.

Obama a aussi promis le retrait de toutes les troupes d'Irak dans un délai de 16 mois. Mais ce calendrier serré risque de reporter le fardeau de la sécurité sur les forces irakiennes avant que celles-ci soient réellement prêtes.

En matière de santé, le candidat souhaite augmenter le pourcentage de la population disposant d'une assurance maladie, en créant une subvention du gouvernement pour les familles aux revenus faibles. Pour l'éducation, il prévoit un plan de 18 milliards de dollars pour développer les crèches, lier le salaire des professeurs à leurs résultats, donner plus de place à des matières comme la musique et l'art à l'école, et alléger le coût universitaire de 4000 dollars pour les étudiants qui effectuent 100 heures de travail communautaire. Autant de projets qui risquent d'être limités par les difficultés financières, l'économie, la guerre et la santé étant les dossiers les plus urgents.