La Russie a jugé lundi soir que le projet de résolution préparé par les diplomates occidentaux à l'ONU demandant un «cessez-le-feu immédiat» en Géorgie, n'était pas acceptable en l'état, estimant qu'il était «prématuré» et ne prenait pas en compte certaines de ses exigences.

Le Conseil de sécurité s'est à nouveau réuni à huis-clos à New York pour entendre le compte-rendu du secrétaire général adjoint de l'ONU chargé du maintien de la paix, Edmond Mulet, sur le conflit entre la Géorgie et la Russie, et discuter d'un projet de résolution préparé dans la journée par les experts américains et européens à l'ONU.

Ce projet était basé sur le plan de paix en trois points que le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a présenté lundi en Géorgie et à Moscou aux parties en conflit.

Le plan français appelle à «une cessation immédiate des hostilités, au respect total de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Géorgie, et au rétablissement de la situation qui existait avant» l'envoi de troupes géorgiennes la semaine dernière dans l'enclave séparatiste d'Ossétie du Sud, indépendante de facto depuis l'effondrement de l'URSS et soutenue par Moscou.

La Russie ne votera pas au Conseil de sécurité de l'ONU ce projet de résolution en l'état, a déclaré l'ambassadeur russe à l'ONU Vitaly Tchourkine.

«Nous espérons participer à la mise au point d'un nouveau projet de résolution, celui-ci a malheureusement été préparé sans nous», a expliqué à la presse M. Tchourkine à l'issue de la réunion du Conseil de sécurité.

«Ce texte a été présenté de façon prématurée, et certains éléments manquent: il n'y a notamment pas de référence à l'agression géorgienne», a poursuivi M. Tchourkine.

«Nous avons des exigences: le retrait des Géorgiens d'Ossétie du Sud, et l'engagement de non-recours à la force de la part de Tbilissi en Ossétie du Sud ou en Abkhazie» -- autre région séparatiste de Géorgie soutenue par Moscou--, a poursuivi le diplomate russe, qui a conclu: «J'espère que nous allons arriver à mettre au point une résolution acceptable».

Intervenant avant l'ambassadeur russe, le représentant américain aux Nations Unies Zalmay Khalilzad a déclaré qu'il avait reçu de son homologue russe l'assurance que Moscou n'avait pas l'intention de renverser le président géorgien Mikheïl Saakachvili, contrairement à ce qu'a laissé entendre le président américain George W. Bush.

M. Khalilzad a précisé que M. Tchourkine lui avait déclaré que renverser le président géorgien n'était «pas le but de la Fédération de Russie».

George W. Bush avait laissé entendre plus tôt que la Russie semblait vouloir renverser le gouvernement géorgien.

«La Russie a envahi un pays souverain voisin et menace un gouvernement démocratiquement élu par son peuple, une telle action est inacceptable au 21e siècle», avait-il déclaré. «Il semblerait que des actions soient en cours pour renverser le gouvernement (géorgien) légitimement élu», avait-il ajouté lors d'une brève allocution dans le jardin des roses de la Maison-Blanche, à peine rentré de son voyage en Chine.

«Ces actions menacent les relations avec les États-Unis et l'Europe», avait ajouté M. Bush, dans sa plus sévère mise en garde à l'encontre de Moscou depuis le début du conflit entre la Géorgie et la Russie.

M. Tchourkine a souligné pour sa part que les États-Unis «étaient aussi intéressés à garder de bonnes relations avec la Russie que la Russie est intéressée à avoir de bonnes relations avec les États-Unis».